Pionnier et militant acharné de la notation financière sur l’espace UEMOA, Seydina Tandian (WARA), analyse l’évolution du marché, ces dernières années et pointe du doigt les risques majeurs à juguler pour une meilleure amélioration de son fonctionnement.
Quelle est votre évaluation du risque sur notre marché financier régional ?
Notre marché a connu des évolutions significatives lors de ces cinq dernières années. De nouvelles réglementations ont été mises en place et, à la faveur de la résilience de nos économies (cas de la Côte d’Ivoire, Sénégal, Burkina, Mali), nous connaissons une relative stabilité, accompagnée par l’arrivée à la cote de titres de référence comme BOA Mali, Total Sénégal, Attijari Côte d’Ivoire, Sucrivoire, CORIS Bank, pour ne citer que ceux-là… On était loin d’y croire. Mais, il ne faut pas relâcher les efforts et nous devons avancer dans cette voie. De nouveaux acteurs se sont aussi fait agréer, ce qui est bon pour la concurrence et, je l’espère, permettra d’étendre le champ des investisseurs intéressés par notre marché.
Concernant la notation financière, comme vous le savez, dans le portefeuille de WARA, seuls deux entités ont été, à ce jour, dégradées, pour des raisons différentes. De façon générale, la gouvernance des sociétés cotées est un souci majeur pour nous. Et celle des entités publiques ayant recours à l’emprunt, un réel risque pour notre environnement. Nous devons y concentrer notre attention afin que l’épargne ne soit pas dissolue dans des opérations non contrôlées et susceptibles de créer de la cavalerie.
En résumé, je crois que notre marché est en forme, l’objectif de financer 30% de l’économie (critère des marchés émergents) n’est pas encore atteint, mais nous devons y aller résolument, mais sûrement. La prégnance des emprunts d’Etats et des acteurs publics doit être plus régulée et nous devons encourager davantage d’entreprises à venir à la cote.
Parmi les entreprises que vous notez, quelles sont celles qui remportent la palme ?
Bien évidemment, nous avons Filtisac du groupe Aga Khan, aujourd’hui la société la mieux notée. Ensuite, nous avons presque ex-æquo Total Sénégal et SIFCA qui sont de belles entreprises. SERVAIR, SITAB et CFAO sont aussi tous Investment grade. CORIS Bank a un excellent risque de crédit, mais je dirai que c’est son plafond souverain qui le limite, c’est un peu injuste…
Quelles recommandations feriez-vous pour améliorer l’environnement sur le marché financier régional ?
Il faut d’abord que les textes soient appliqués. Nous devons, par rapport aux investisseurs qui nous suivent, faire montre de sérieux dans ce que nous faisons et les règles que nous nous fixons. Ensuite, que les Etats se soucient de leur propre risque et de celui de leurs entités publiques. Il y a beaucoup de gâchis et des inefficiences de la gouvernance qui risquent à terme de nous coûter très cher. Enfin, par une politique volontariste de favoriser l’arrivée de plus en plus d’entreprises privées à la cote ou pour lever les ressources nécessaires au développement de notre Zone.
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