La pointe de Djiffer au Nord, Foundiougne à l’Est et Missira au Sud, ainsi le Delta du Saloum est le concentré de plusieurs merveilles qui, exploitées comme il le faut, peuvent en faire un lieu hautement touristique. Une végétation luxuriante encore vierge, des populations accueillantes et autant de potentialités qui ne demandent qu’à être mises en valeur. Nonobstant le Parc du Delta du Saloum qui donne un autre cachet à cette Destination.
Toubacouta : un coin de Paradis
Autant faire le cliché tout de suite, mais le village de Toubacouta est un Paradis sur terre, situé à moins de 4 heures de route de Dakar. Les 254 km qui l’éloignent de la capitale lui confèrent une ruralité qui en a fait un havre de paix dans la partie sud du Delta du Saloum. Dans ce hameau peuplé de Mandings, Diolas, Peulhs, Wolofs et Sérères, la vie des populations est rythmée par les travaux champêtres, la pêche, la cueillette de fruits de mer et… les saisons touristiques. Le dernier aspect étant plus déterminant, ici, tout le monde est plus ou moins directement affecté par le tourisme. Les écoles, les lieux publics, la vie sociale, tout bouge aux rythmes de la saisonnalité touristique.
En haute saison, les 10 réceptifs de Toubacouta ont du mal à satisfaire la forte demande. Il faut dire que le village et ses environs sont appréciés des touristes pour le cadre bien évidemment enchanteur, mais aussi, les autres activités qui peuvent s’y dérouler pour leur bonheur. En ce mois d’avril, coïncidant avec la fête de l’Indépendance du Sénégal et celles de Pâques, les jeunes du village ont organisé un spectacle culturel des plus originaux. La danse du Kankourang sur les berges du fleuve. Tout le village est au rendez-vous et joue le jeu. Le masque ponctue les pas de danse en solo où, accompagné par des course-poursuites à l’endroit des jeunes femmes et hommes qui n’auraient pas assez participé à créer une ambiance de fête. Les touristes sont ravis. «Le Kankourang est une des facettes de la vie sociale dans le milieu Manding. Même si, au demeurant, il ne sortait que pendant la saison des pluies. Mais avec le tourisme, on l’a un peu adapté à la nouvelle donne. Les sages de Toubacouta ont compris qu’il fallait donner un coup de pouce à l’activité et permettre la sortie du Kankourang et des séances de photos avec lui, pour les touristes, pouvaient participer à faire de la localité, une Destination de choix», justifie un jeune habitant de la cité.
Les activités de chasse et de pêche
Pour les accros de sensations fortes, la chasse est une activité très pratiquée à Toubacouta et environs. Il faut dire que beaucoup d’îles du Delta sont encore vierges. L’accès est difficile et le peuplement très faible. C’est ce qu’on peut constater dans l’île de Sippo, à 30 minutes de pirogue de Toubacouta. Un site pittoresque où certains arbres fruitiers touchent le sol ou l’eau sans que cela ne soit étonnant pour les habitants. A la lisière du village qui a la particularité d’abriter une reine locale, des puits de breuvage ont été creusés par les phacochères. Tôt le matin, ou après le coucher du soleil, il n’est pas rare de tomber sur ces bêtes sauvages, regagnant la forêt pour éviter de terminer sur le toit des voitures des expéditions de Safari des campements et autres gites pour touristes.
En effet, c’est une des principales prises des chasseurs, sinon la seule autorisée. Les 33 autres espèces de mammifères évoluant dans le parc sont protégées et leur abatage proscrit. Le guib harnaché, le céphalophe de Grimm, le cob des roseaux, le guib d’eau (sitatunga), la hyène, le chacal, la loutre à joues blanches, la civette, la mangouste ou les singes pata et vervet peuvent dormir tranquilles. En principe. Oui, lors d’une balade en forêt pour espérer croiser un phacochère ou un crocodile dans un bolong, on est tombé sur les restes d’un porc-épic, fraîchement abattu. Son sang dégoulinait encore de sa tête vers l’eau. «C’est une activité que font certaines personnes, mais c’est interdit et tout le monde le sait. Si les éco-gardes vous prennent, c’est la prison assurée», a déclaré Coulibaly, un habitant de l’île qui gère un verger.
L’Île aux coquillages
Deux curiosités en un seul endroit. A 15 minutes de navigation de Toubacouta, il existe un endroit très prisé des touristes. Pas pour les espèces animales qu’on peut y croiser, mais pour la formation physique de l’endroit et de son histoire. «C’est l’Île aux coquillages. Il est constitué de tas de coquillages qui en ont fait une sorte de port naturel et c’est très beau», affirme Ibou Senghor, le guide du jour. Gérant d’un petit campement de 3 cases, il offre à ses hôtes quelques sorties en bateau vers certains lieux du Delta, dont cette Île aux coquillages. Très dynamique, il répond à toutes les questions sans ambages et a un petit faible pour cette île. Il y vient souvent pour camper avec ses hôtes et y griller le résultat de leur pêche. Le Delta est un lieu de reproduction exceptionnel de poissons et compte, selon les estimations officielles, 114 espèces de poissons. Mais, ce qui fait l’attrait de l’île, c’est son histoire. «Voici le baobab sacré, le tombeau des griots d’antan. Il ne sert plus depuis l’avènement des religions dans la zone, mais les croyances locales voulaient qu’on n’enterre pas les griots dans les mêmes cimetières que les autres personnes. Ici, on les mettait dans le creux des baobabs», raconte, avec sérieux, Ibou devant un tombeau. L’histoire a glacé l’ambiance et le crépuscule qui s’annonce, a invité le guide à interrompre sa narration. Il nous laisse quelques minutes pour les photos et de profiter, quelques mètres plus haut, de la vue imprenable d’une grande partie du sud de Delta qu’offre l’Île aux coquillages. Il est temps de partir voir les oiseaux.
Le Reposoir des oiseaux
Les rayons du soleil se faisant moins impressionnants, la pirogue se dirige vers le Reposoir des oiseaux. Spectacle assez original, parce que, comme un rendez-vous d’amoureux, les oiseaux se dirigent tous vers cet endroit. Comme s’ils répondaient à un appel étrange des hommes. Par volée ou individuellement, ils se dirigent vers le Reposoir. «Un héron Goliath, un héron Goliath», s’exclame Ibou Senghor, pointant du doigt un grand oiseau sombre avec une belle envergure qui passe juste devant nous. Un coup de gouvernail et il poursuit ce bel échassier qui vient de se poser sur un palétuvier. A bonne distance, il nous permet de voir cette espèce d’oiseau assez rare qui fait partie des 200 espèces d’oiseaux qui peuplent les lieux. Plus de 120 000 individus sont recensés, par an, dans le parc du Delta du Saloum. Parmi ces oiseaux nicheurs ou hivernant, évoluent de très nombreux limicoles, ardéidés et laridés (dont la sterne royale qui trouve ici une de ses plus grandes colonies sur la planète). Arrivés à quelques mètres du reposoir, les cris des oiseaux indiquent le chemin entre les bolongs. Il est temps de couper le moteur et de progresser à la pagaie pour ne pas effrayer les volatiles. «Seuls les pélicans manquent à l’appel, ils préfèrent les plages de sable et de coquillages, un peu à l’écart du Reposoir, car ayant trop peur des hommes. Sinon, vous avez toute cette île de palétuviers qui sera, durant la nuit, comme recouvert d’un manteau de plumes multicolore, créé par les oiseaux», précise Ibou Senghor. L’heure de rentrer a sonné…
PARC DU DELTA DU SALOUM
Patrimoine mondial de l’UNESCO
Sur près de 76 000 hectares, selon les saisons, le Parc national du Delta du Saloum est le second au Sénégal, après le Niokolo-Koba, en termes de superficie. Créé en 1976, c’est un havre de paix pour un nombre incalculable d’oiseaux. Un enchevêtrement d’îles et d’étroits bras d’eau saumâtre serpentant, dans la mangrove, appelés Bolongs, le refuge de nombreuses espèces de mammifères comme le très rare lamantin et des reptiles comme le crocodile. C’est aussi un patrimoine mondial de l’UNESCO autour duquel gravitent 200 000 personnes. Que ce soit dans le Delta du Saloum ou dans sa périphérie immédiate, y compris le Parc.
NDLR: Reportage photos Luciana De Michéle
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