Agitée depuis des années par plusieurs économistes et intellectuels africains, la sortie du CFA est revenue à la surface suite au geste de l’activiste d’origine Franco-béninoise Kémi Seba qui, lors d’une manifestation, le 19 août dernier, a brûlé un billet de 5.000 FCFA . De son coté, la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui tente depuis longtemps d’aller vers la monnaie unique rencontre plusieurs obstacles sur son chemin.
La sous-région est actuellement éclatée en deux zones monétaires. D’un côté, huit pays membres de l’Union Economique et Monétaire ouest-africaine (UEMOA) qui ont en partage le franc CFA et, de l’autre, 7 Etats dont le Nigeria, le Ghana, le Liberia, la Sierra Leone, qui ont chacun sa monnaie nationale. Pour attester de sa volonté d’aller vers une réelle intégration régionale, la CEDEAO a fixé des critères de convergence entre les deux zones monétaires. L’objectif d’aller vers la monnaie unique prévue une première fois en 2015, puis reporté à 2020, a été reporté une seconde fois en 2030.
« Une économie est convergente lorsqu’il y a une politique budgétaire coordonnée à la fois avec une politique monétaire et une politique d’endettement. Ce qui n’est pas encore le cas actuellement pour nos Etats », a expliqué Marcel de Souza, président de la Commission de la CEDEAO, au sortir d’une rencontre à Niamey avec le président nigérien Mahamadou Issoufou, Coordonnateur de la coopération monétaire sous-régionale.
Le défi majeur de la sous-région est de favoriser les échanges entre Etats. Le Nigeria n’y exporte pas son pétrole faute de raffineries pour transformer son brut. La Côte d’Ivoire et le Ghana détiennent ensemble près de 70% de la production mondiale du cacao, un produit qu’ils ne peuvent exporter non plus dans la sous-région sous forme de chocolat ou autres produits finis, faute de transformation. Quand le géant nigérian utilise son Naira, le Sénégal est en plein dans le FCFA.
Pour mondafrique.com, la difficulté majeure réside dans le fait que, Paris garant du FCFA, décide de tout. La politique monétaire des quinze pays de la zone franc (8 en Afrique de l’Ouest et 6 en Afrique centrale) est toujours gérée par la France. Ainsi, chaque six mois, le ministre français de l’Economie et des Finances réunit, une fois à Paris et la fois suivante en Afrique, ses homologues des 14 pays de la zone franc pour « faire un point d’étape ». La dévaluation de 1994 décidé par le gouvernement français est la parfaite illustration du rôle central de la France.
Il faut dire que la monnaie unique dans la sous-région est un enjeu de développement énorme. Avec un marché de 300 Millions d’habitants, à nourrir et à habiller, également des villes à construire pour des populations qui seront de plus en plus citadines, maîtriser sa politique monétaire est cruciale.
Discussion à ce sujet post