Tout plaide pour que Maritalia ait un lien avec l’Italie. D’abord, le nom, puis le parcours de son président-fondateur Alioune Ndiaye qui a travaillé, d’abord, avec des Italiens. Mais, Maritalia est une société de droit sénégalais et un des fleurons dans les prestations des services de logistique portuaire et aéroportuaire. Baba Tall, son Directeur Général, ambitionne d’étendre ses activités vers l’hinterland.
Pouvez-vous nous présenter le Groupe Maritalia ?
Maritalia, créée depuis 1984, est spécialisée dans les prestations de services logistiques. Elle gère un important volume d’affaires et collecteles droits de douane et différents débours pour l’État et ses démembrements.
Les composantes du nom Maritalia sont très explicites. Il y a «maritime» qui désigne le domaine d’activités. Au début, la société intervenait uniquement dans la consignation des navires de pêche avec Dakar comme port d’attache pour leurs opérations commerciales et techniques. Avec la croissance, il y a eu une diversification verticale qui a mené à la création d’un pôle aérien et un bureau à l’Aéroport de Dakar. Auparavant, M. Ndiaye travaillait dans une société dirigée par des Italiens et opérant dans le même secteur. Armé de son sérieux et de son savoir-faire, il a osé, en 1981, démissionner de son poste pour réaliser son rêve : créer sa propre société de logistique. A l’époque, le secteur était dominé par les multinationales. Maritalia s’est spécialisée dans la consignation des bateaux de pêche, battant pavillons italien, espagnol, grec ou d’autres pays, qui ont choisi Dakar du fait de la qualité des infrastructures portuaires et de sa position géographique idéale. Avec le concours d’employés dévoués et professionnels, il a développé la société et l’a diversifiée avec un large panel de services portuaires : manutention, avitaillement, transit maritime, transport, entreposage, métiers couramment appelés «auxiliaires du transport». Ainsi, la société est-elle en mesure d’assister un navire depuis son entrée au port jusqu’à sa sortie, en réalisant toutes les opérations liées à son séjour à quai, sans faire appel à d’autres sociétés.
Qu’en est-il de vos partenaires qui vous accompagnent dans ce travail ?
Ils sont diversifiés et sont aussi bien locaux qu’étrangers. Au niveau local, en plus du Port Autonome de Dakar, nous sommes affiliés à plusieurs organisations patronales comme SAMCOS (Consignation), SEMPOS (Manutention), USETTA (Transitaires), tous membres du CNP (Conseil National du Patronat). Au niveau international, pour une plus grande visibilité et plus de compétitivité, nous sommes agents IATA et membre des réseaux ISSA et IMPA. Maritalia a su, au fil des années et grâce à la vision de son président, créé un véritable tissu d’activités autour de joint-ventures internationales avec des armateurs étrangers pour exploiter des navires de pêche. En qualité d’agent franchisé, nous appartenons au Groupe AVISHA, à un réseau d’origine belge (ECULINE et ECUAIR) racheté par un groupe indien présent dans plus de 96 pays et avec 122 bureaux à travers le monde. Ce réseau permet, à tout moment, d’offrir à tout client, partenaire ou industriel, qui veut venir au Sénégal, l’opportunité de s’appuyer sur les services de qualité de Maritalia pour importer tout ce dont il a besoin: produits finis, matière première ou autres. Un opérateur économique américain, indonésien ou brésilien, qui veut investir au Sénégal, ou faire du commerce ou produire, s’il a besoin de transporter un colis d’un kilo ou des centaines de conteneurs ou même des bateaux, il peut utiliser les services de Maritalia en sachant qu’on lui offrira des services respectant les normes de qualité standard, les mêmes qu’il reçoit, habituellement, chez tous les membres du réseau. Cela, depuis le début du transport jusqu’au fin fond du Sénégal ou dans la sous-région avec Maritalia.
Comment jugez-vous l’environnement des affaires portuaires ? Le secteur se porte t-il bien ?
L’environnement des affaires se porte plus ou moins bien. C’est vrai qu’il y a la crise, mais les autorités portuaires font de leur mieux pour améliorer cet environnement. M. Ndiaye a l’habitude de dire que «notre activité est entre deux portes qui ne se ferment jamais». Celles du Port et de l’Aéroport et, entre les deux, nous sommes la passerelle qui, avec notre savoir-faire, permet aux partenaires d’être compétitifs grâce à un service de qualité. Parmi les actions des autorités portuaires pour arriver à cette performance, il y a les concessions. Une innovation de taille même si, par ailleurs, cela peut être apprécié autrement. C’est une bonne initiative même s’il faut des améliorations. Le transfert de compétences doit suivre avec ce type de contrat. Les autorités doivent exiger, à la fin de la concession, que les nationaux compétents et aptes puissent prendre le relais et continuer à gérer l’activité concédée.
En dehors de la crise économique, générale et liée aux fluctuations du cours du Dollar, le secteur portuaire va bien. Il ira mieux si l’on améliore la concertation entre opérateurs et autorités portuaires. À Maritalia, nous souhaitons que l’autorité prête une oreille plus attentive à nos attentes (doléances et suggestions). La sécurité, l’accès au port et à ses services, les procédures doivent être revues. On ne peut pas comprendre que Maritalia, société certifiée ISO 9001 – version 2008 et en place depuis 1984, qui cherche à respecter toutes les exigences de qualité et de performance réclamées par le Port, qui participe à relever la qualité des services, soit mis sur le même pied d’égalité que des structures qui exercent sans autorisation. Nous ne jetons l’opprobre sur personne, mais toutes les personnes physiques et morales, exerçant illégalement, et faisant ainsi une concurrence déloyale, doivent être contrôlées, surveillées, pour ne pas porter ombrage à tout le travail de certification et de normalisation que les vrais acteurs du Port, l’autorité en premier, réalise depuis des années. Cela doit cesser au Port de Dakar et pour tous les secteurs d’activités ainsi envahis.
Comment voyez-vous l’avenir proche de Maritalia, disons dans 5 à 10 ans ?
Dans 5 à 10 ans, Maritalia devrait détenir une position dominante dans le Port. Je n’aime pas trop le terme de leader, mais je réitère le vœu d’occuper une position prépondérante au Port et à l’Aéroport.
Quelle stratégie les acteurs portuaires sénégalais peuvent-ils mettre en place pour tirer leur épingle du jeu, tirer profit de leurs activités et faire face à la concurrence du marché international ?
Pour ce faire, les acteurs doivent être plus compétitifs et s’engager dans toutes les opportunités d’affaires, en priorité dans les espaces régionaux ouest-africains (UEMOA et CEDEAO), en sus des acquis internationaux à consolider. Il faut aussi que les autorités comprennent que notre rôle est d’apporter de la valeur ajoutée à tous les entrepreneurs qui veulent investir au Sénégal. Sous ce rapport, leur appui multiforme est vivement attendu.
Quelles actions mène Maritalia dans le cadre de sa responsabilité sociétale d’entreprise ?
D’abord à Maritalia, nous sommes 57 permanents. Nous employons plus de 1600 personnes (emplois directs et indirects). Ensuite, ces dernières années, nous avons sensiblement évolué en termes de responsabilité sociétale d’entreprise. Dans la commune de Dahra Djolof dont nous sommes natifs, nous avons bitumé plus de 5 kilomètres de route, entièrement pris en charge la construction d’une école primaire, d’un hôpital, d’une mosquée tout en mettant des outils pédagogiques à la disposition des apprenants. Il faut citer d’autres actions sociales pour les familles religieuses (musulmanes et chrétiennes) et aussi les couches sociales défavorisées. Tout cela dans un élan de patriotisme sincère et de civisme agissant.
Envisagez-vous d’attaquer le marché de l’hinterland, dans un proche futur?
Dans le cadre de la diversification de ses activités, Maritalia, à un moment donné, avait créé des succursales en Gambie, en Guinée-Bissau, en Mauritanie et même en France. Mais, compte tenu de plusieurs facteurs et surtout de notre environnement, nous avons décidé de créer des points-satellites, c’est-à-dire des relations d’affaires avec des acteurs installés dans ces pays. Ils représentent les intérêts de Maritalia et vice-versa. Jusqu’à nouvel ordre, nous allons maintenir et développer ce type de relations de «franchisés» à l’international. Au Sénégal, nous comptons mettre en place un dispositif beaucoup plus moderne avec une plateforme de distribution de dernière génération. Il y aura ainsi à Kaolack un dispositif express pour l’hinterland. Il pourra servir tout le pays et la sous région.
Votre dernier mot ?
Encourager REUSSIR à continuer à soutenir le processus de modernisation du Port. Encourager également les autorités du Port à poursuivre dans la voie de la modernisation et du dialogue inclusif avec tous les acteurs normaux pour un véritable «Port du Futur». Il est absolument possible de faire de Dakar, un hub portuaire digne de ce nom, sous peu de temps, si nous sommes tous disciplinés. Un réel assainissement de l’environnement portuaire reste, assurément, le premier pas vers cet objectif. En d’autres termes, un environnement serein qui sera le même pour tout le monde et où seuls ceux qui travailleront dans les règles de l’art et disposeront de ce qui est requis par la règlementation en vigueur pourront tirer leur épingle du jeu….
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