Organisé par i-conférences, l’Africa Banking Forum 2017 s’est tenu à Dakar les 15 et 16 mai derniers. Le Directeur, général du Groupement Interbancaire Monétique de l’UEMOA (GIM UEMOA), Blaise Ahouantchédé a été interpellé en marge de la conférence sur le rôle que son institution a joué pour amener les populations et les dirigeants à prendre en compte les services financiers digitaux dans leur rôle de catalyseur de l’émergence économique.
Avec l’avènement d’une nouvelle dynamique imposée par la révolution numérique, le monde de la finance classique, la banque plus précisément, voit débarquer de nouveaux acteurs qui lui imposent des ajustements importants, en tant que directeur général du GIM UEMOA comment analysez- vous cette situation ?
A l’évidence, vous voyez aujourd’hui toute la dynamique qu’il y a dans le monde bancaire, je dirai financier, parce qu’avec l’avènement des mutations que nous avons, vous remarquerez que les services financiers de manière générale drainent une très forte population. La Banque Centrale a d’ailleurs ajusté sa réflexion. De plus en plus, on parle d’inclusion financière donc du taux d’inclusion financière. Pourquoi? Parce que les populations, qui ont un compte mobile money et une carte prépayée, font des opérations. La seule chose qu’ils ne peuvent pas faire, c’est le crédit, mais toutes les opérations qu’on peut faire à partir d’un compte bancaire, ils arrivent à le faire avec un compte virtuel. C’est pourquoi, le taux de bancarisation a évolué et le GIM a contribué de manière significative. Cela puisqu’ au départ, on était une quarantaine de banques qui ont donné naissance à deux institutions, on a su créer un écosystème avec un réseau plus large qui inspire confiance aux utilisateurs. De plus en plus, les populations se bancarisent parce qu’elles ont des besoins de financement de leurs activités. Le taux de bancarisation financière tourne autour de 15 à 20 % alors que le taux d’inclusion financière tourne autour de 50 %, il faut qu’on le souligne, c’est extrêmement important. Cela veut dire que le nombre des populations ayant accès a un outil pour faire des transactions tourne autour de 50 %. Ce qu’on ne peut ne pas faire, c’est le crédit à partir de la carte prépayée. Nous avions compris très tôt que ces moyens de paiement permettent d’éduquer les populations. Et puis généralement quand ils ont un besoin de financement de crédit les banques arrivent.
C’est un processus qui est très propre à notre environnement et c’est d’ailleurs pour cela que nous encourageons ce type de forums parce que cela permet de partager les expériences dans le cas de la coopération sud-sud, parce qu’aujourd’hui, le Maroc est un pays qui a connu un bond ces dernières années. Je fais parti du comité scientifique qui conçoit ces programmes-là et je suis très heureux que le ministre ait accepté de nous honorer de sa présence. Je pense que la dynamique va continuer dans les années à venir.
Quel est le grand chantier du GIM pour ces cinq prochaines années ?
Je dirai même ces dix prochaines années parce que nous avons compris que nous sommes dans une zone économique et monétaire unique avec la libre circulation des biens et des personnes. Tous les organismes qui découlent de cela doivent rester dans cette dimension d’intégration. Le GIM compte élargir son écosystème à tous les acteurs non-bancaires, les opérateurs de téléphonie mobiles, les opérateurs de transferts d’argent pour que nous puissions offrir au consommateur un vaste réseau d’utilisation de moyens de paiement. Demain, si j’ai une carte bancaire, je peux faire des transactions dans d’autres pays sans me préoccuper de savoir si c’est ma banque.
- « Le taux de bancarisation financière tourne autour de 15 à 20 %, alors que le taux d’inclusion financière tourne autour de 50 % »
C’est cela aussi, il faut que le consommateur a qui on dit de se bancariser, et à qui on dit « laisse tes revenus au niveau de la banque », il faut lui donner la possibilité d’accéder à ces revenus à tout moment. C’est l’intérêt de GIM par ce que le fait d’avoir un réseau plus large aujourd’hui fait que si je vais au Niger, que je puisse accéder à mon compte en utilisant une carte bancaire. Donc le GIM gère cet écosystème-là et la compensation élargit à tous les acteurs bancaires et non-bancaires dans une stratégie d’équidistant. C’est le premier chantier.
Le premier ! Pouvez-vous évoquer le second ?
Le deuxième chantier est la mise en place d’un pôle recherche-développement. Il faut que les innovations prennent le pas sur les initiatives et stratégies. Quand on prend le Plan Sénégalais Émergent, la digitalisation est au cœur de ce plan. Donc il faut que le GIM se prépare pour véritablement absorber les besoins de l’Etat, de l’administration, des banques en matière de digitalisation. L’autre chantier, c’est la formation. Elle est extrêmement importante. Nous avons mis en place GIM académie. Il y a le personnel des banques qui suit une formation chez nous. Ils sont venus de tous les pays et le renforcement de la capacité de la formation. L’autre volet qui n’est pas des moindre, c’est la communication et la sensibilisation. C’est la ou c’est vraiment important et j’aimerais insister là-dessus parce qu’il faut qu’on apprenne à éduquer nos consommateurs. Cela pour qu’ils comprennent ce qu’ils tirent donc des produits, des solutions qu’on met sur le marché. Il y aura alors un gros chantier de communication et on espère que dans les prochaines années nous allons réussir le défi de l’inclusion financière et l’objectif pour les dix prochaines années, c’est que nous ayons 80% des populations. Ils ont leur téléphone et font des transactions, vous avez une carte bancaire, vous faites des transactions, partout, c’est le défi.
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