Aujourd’hui, c’est le grand jour pour Didier Augustin Trigo Hondolo, Ismaila Imounga, Adéline Séne, Asmaou Diop, Wora Licket Apangadina Claude Diana, Samy Larséne Aboghe, Let Taty-Tchissimbou Reine Première, Idrissa Babacar Diagne, Boumba Venard Dreige Chakina. Tous sont étudiants à l’école de formation professionnelle IPG/ISTI. Ils représentent le Sénégal dans la prestigieuse compétition internationale, Enactus Word Cup 2017 organisée par l’association éponyme avec le soutien au Sénégal du cabinet KPMG qui a organisé une rencontre avec la presse locale avant leur départ pour Londres. Ils ont mis en place deux solutions innovantes Tango et Elac qui visent toutes à transformer le quotidien des populations cibles. En groupe, ils ont répondu aux questions de Reussirbusiness.com avant d’aller défendre les couleurs du Sénégal à ce concours international.
Présentez nous votre équipe, quelle est votre
Nous sommes tous étudiants au niveau d’IPG/ISTI. Il y a ici des étudiants de différentes filières réunis au sein de l’équipe. Parlant du concours Enactus, nous avons, cette année présenté deux projets à savoir Tango et Elac. Tango, c’est un prototype purement électronique qui émet des ultrasons inaudibles à l’homme, mais perceptibles par les insectes, plus précisément par les moustiques. Et Tango permet de chasser des moustiques dans un rayon de dix à vingt mètres. C’est encore plus pratique que les moustiquaires que nous utilisons par exemple. Nous l’avons implanté dans une zone appelée Gounass, qui se trouve à Guédiawaye das la banlieue de Dakar. C’est une zone dans laquelle nous avons travaillé l’année dernière avec l’accompagnement de la mairie de Gounass. A coté de tout ça, il y a eu des femmes volontaires, ici on les appelle ici des « badjenou gokh » comme Athia Sy, pour l’implantation du projet. A coté de Tango nous avons aussi implanté un projet qu’on appelle Elac. Et là Elac, c’est, en fait, du gaz que nous produisons à partir des matières organiques, donc la fermentation. Si nous avons pensé à implanter Tango sur place, c’est par ce que nous avons mené des enquêtes. Les femmes de Gounass nous ont fait savoir qu’elles avaient du mal à économiser dès lors qu’elles dépensaient, rien que pour la cuisson de leurs aliments, quarante-trois mille (43 000 FCFA), presque quarante-quatre mille par mois. Donc à côté de tout cela nous nous sommes dit voilà avec un prototype que nous avons mis en place, l’acquisition est à vingt-huit mille cinq cent (28 500 FCFA) mais seulement avec ça, il est capable de produire 27.6kg de biogaz. Ce qui est l’équivalent de quatre bouteilles de gaz butane de 6kg. A côté de tout cela, ces familles-là pourront économiser jusqu’à douze mille francs (12 000 FCFA).
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Tango un prototype électronique qui émet des ultrasons perceptibles par les moustiques
Et avec Tango, la commune de Gounass est dans une zone inondable, quand il pleut, les eaux stagnent après, vous savez les moustiques qui prolifèrent. Le taux de paludéens dans la zone est très élevé d’après les chiffres que nous ont donnés l’Hôpital Roi Beaudoin, parce que nous avons travaillé avec eux aussi. Nous nous sommes dit que le projet Tango était le bienvenu sur place. Déjà, quand on est arrivé pour présenter le projet, le maire nous a aussitôt accompagnés. En fait, il avait déjà engagé plusieurs programmes dont des distributions de moustiquaires, mais la maladie continue de faire des ravages dans la zone. Et donc arrivés sur place, on devait faire nos preuves.
J’entends bien les deux projets surtout pour le biogaz, mais vous l’avez implanté à Gounass, vous avez fait des études de faisabilité ?
En fait, ce qui s’est passé, c’est que nous avons commencé par faire des formations pour nous assurer de la maîtrise du matériel de travail. Déjà, nous avons trouvé quelques associations de jeunes sur place, seulement ces derniers n’avaient pas assez de revenus alors nous les avons regroupés. Avec un groupe de soixante jeunes, nous les avons formés sur la conception des produits. Mais nous, depuis l’école, nous avons des prototypes que nous avons mis en place. Donc, nous avons amené les prototypes sur place pour leur montrer. Ensuite nous les avons formés pour la conception de la chose. Seulement, pour pérenniser le projet, il fallait des gens pour subventionner, donc nous les avons regroupés en GIE et cette dernière a été mise en contact avec une institution de micro crédit qui a accepté de nous accompagner.
- Elac est du gaz de cuisine obtenu à partir des matières organiques fermentées
Avec Elac, nous avons aussi mis soixante jeunes dans un GIE qu’on a appelé « Tangounass » mais aussi soixante femmes que nous avons formées pour l’utilisation du gaz. Ces femmes-là devront servir de relais pour les autres. Donc, en gros, nous avons pu toucher cent vingt jeunes (120), soixante jeunes dans la conception, soixante (60) jeunes pour les autres et puis soixante (60) femmes pour l’utilisation du gaz.
Vous comptez toucher combien de personnes sur deux ans sur cinq ans ?
Pour l’instant, sachant qu’en moyenne les familles de Gounass comptent quinze (15) personnes, la sélection avait été faite de telle sorte que chaque ménage puisse avoir au moins un jeune dans le GIE. Ces jeunes impactent d’abord leur famille et ensuite, ils pourront essaimer dans le quartier. Si chaque jeune peut s’approprier le projet, ce pourquoi, on l’a formé, concevoir convenablement les produits, il pourra déjà, au niveau de sa famille avoir un impact positif. Et si on prend quinze fois soixante on va dire cela donne des chiffres importants.
Des projets comme le biogaz, il y en a beaucoup. Moi-même, je connais un qui était candidat à un concours il y a quelques mois. C’est quoi votre valeur ajoutée par rapport à l’offre de biogaz qui existe déjà.
En réalité, il existe déjà un programme national sur le biogaz. Mais, il est assez coûteux pour les familles de Gounass en particulier. On parle de plusieurs centaines de milliers de francs. Nous, ce qu’on a fait, c’est quoi ? Dès lors que ces familles-là ne gagnent pas assez pour avoir ce genre d’installation, nous avons mis en place de petits prototypes familiaux, faits à base d’un fut de récupération, des chambres à air pour le stockage. L’investissement pour la conception tourne au tour de trente mille francs (30 000 FCFA). Si une famille investit trente mille dans la chose avant que les accessoires prennent un coup de vieux et qu’il faille changer quelques pièces au bout de quelques années, l’investissement sera déjà amorti. Il est donc assez rentable pour les familles sur le très court terme. Voilà ce qu’il y a de différent entre ce que nous proposons et ce qui existe déjà.
Est-ce que vous croyez en vos chances pour la compétition de Londres ?
Bien sûr, bien sûr, nous restons positifs. Vous savez cette année, je vais vous faire une confidence, les autres équipes ne pensaient pas qu’on était aussi bien préparé parce qu’il y a ENSUP qui a gagné il y a quelques années donc quand ils sont arrivés, ils étaient très sûrs d’eux. On a créé la surprise. Nous croyons vraiment en nos projets. Nous croyons qu’avec notre équipe nous serons à même de bien défendre les couleurs de l’école et du pays. Parce qu’il ne suffit pas de mettre en place des projets et de s’arrêter la, l’objectif est encore plus haut.
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