Le Mali compte +90% de musulmans sur une population d’environ 18 million de personnes. Depuis toujours, la religion évolue entre modération et radicalisme ou entre tradition et modernité. Une religion en train de devenir un vrai business pour certains leaders djihadistes et autres prêcheurs populistes.
Comment l’islam malien a-t-il évolué aussi drastiquement, dernièrement, jusqu’à frôler la radicalisation et l’extrémisme violent ? La réponse se trouve dans les conséquences de la chute du Guide libyen, Mouammar Kadhafi. Des ex-combattants sont rentrés avec des armes dans le nord du Mali et y ont déclenché une rébellion en janvier 2012. Qui a été récupérée par les groupes djihadistes d’Ansar Dine d’Iya Aghali, rebelle touareg, avec le soutien de ses frères du MUJAO et d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).
Le butin de la radicalisation
Le Mali a frôlé la catastrophe à travers l’expansion du terrorisme dans les deux tiers du pays. Ansar Dine y a imposé la Charia en coupant pieds et bras de citoyens qui auraient violé les règles de l’islam. Pas de musique, voile imposé aux femmes, pantalon court et barbe imposés aux hommes. Bref, la Charia comme au début de l’islam. Ce qui a causé un traumatisme sans précédent chez des populations, pourtant bien islamisés. Mais derrière, se cachait un gros business. Le butin de guerre.
Des armes, véhicules et autres biens matériels récupérés sur le terrain, revendus pour alimenter les caisses des djihadistes. «Les armes récupéré au nord du Mali après la défaite de l’armée loyaliste étaient d’une valeur de 140 milliards FCFA», avait soutenu le porte-parole d’Ansar Dine et du MUJAO. Il y a aussi le trafic de drogue qui ne serait pas seulement le fait des petits groupes de bandits mais aussi des groupes armés, rebelles ou islamistes. Ce qui explique aisément leur présence et les violents combats, en permanence avec les forces armées maliennes et leurs alliés.
La manne de l’Islam modéré
Au Mali, les leaders religieux sont des rois et des faiseurs de rois. Depuis +20 ans, le business religieux à pris de l’ampleur et ne se limite plus à quelques dons des pays arabes pour construire des écoles coraniques ou mosquées. Elle est plus au-delà de tout ça avec aujourd’hui, des associations structurées et une forte capacité de mobilisation financière. L‘un des exemples frappants est l’association Ansardine de Cheick Chérif Ousmane Madane Haidara.
Fortuné, populaire et respecté, il est un des hommes publics les plus écoutés du pays. Ses disciples, issus de la classe moyenne, n’ont pas forcément poussé leurs études. Ils lui offrent tout. Une 1ère résidence dans son quartier de Banconi à Bamako. Un centre de santé où les fidèles se soignent gratuitement, des véhicules de luxe pouvant coûter +50 millions FCFA, une 2ème résidence comme cadeau d’anniversaire (+1 milliard), dans un quartier chic, au bord du fleuve. On parle même d’un jet privé…
L’association Ansardine est une des rares organisations confessionnelles à se lancer dans le microcrédit. Les membres travaillent avec cet argent et remboursent plus tard et sans intérêt. Une politique qui permet de fidéliser les fidèles et de gagner la confiance d’autres. Cheick Chérif Haidara est le seul prêcheur malien qui fait le plein du stade du 26 Mars, ses jours de prêche. Une capacité de mobilisation qui lui a valu le respect des autorités et ses collègues du Haut conseil islamique…
Cette force de mobilisation a poussé le candidat IBK à demander la baraka et le soutien des leaders religieux pour se faire élire avec 77% des suffrages. Mais qui a vu plus tard la déception de certains leaders…
Il y a aussi Mohamoud Doicko, président du Haut-Conseil islamique. Un imam au charisme de politicien, qui fait et défait les décisions politiques quand elles ont un lien avec l’Islam. Il a formé et coaché plusieurs jeunes, devenus responsables d’associations religieuses, autant côtoyés et consultés par les dirigeants du pays…
Avec Apanews.
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