Au Niger, pays majoritairement musulman (99%), se crée une forme de business assez florissant autour des événements religieux. Un business que les autorités tentent parfois de circonscrire, avec plus ou moins de succès.
Le premier business autour d’un événement religieux, c’est très certainement le Hadj et la Oumra. Selon le Commissariat à l’organisation du Hadj et de la Oumra (COHO), à ce jour, 270 agences de voyage se partagent ce marché très lucratif de plusieurs dizaines de milliards FCFA. Autrefois, cette organisation était assurée par le Ministère en charge des Affaires religieuses, via l’Agence nigérienne pour le pèlerinage et la Oumra (ANPO), avant d’être libéralisée. Eu égard aux plaintes des pèlerins, quant à la qualité de l’organisation et des montants, sans cesse croissants, imposés à ces derniers, le gouvernement avait décidé de créer et confier en 2012, l’organisation au COHO. Le COHO, depuis sa création, a eu maille à partir avec les agences, qui ne se retrouvaient plus dans cette nouvelle organisation. Ces dernières sont allées jusqu’à demander la dissolution de cette structure rattachée à la Primature.
Autre lieu, autre évènement. La cité religieuse de Kiota (à 150 km de Niamey, région de Dosso), haut lieu de pèlerinage de la confrérie Tidjane, célèbre chaque année, depuis plus d’un demi-siècle, le Maouloud, sous l’autorité du Cheikh Aboubacar Hassoumi. Des milliers de fidèles de la confrérie, du Niger, de la sous-région et des pays magrébins, s’y retrouvent, pour écouter la parole de Dieu, les chants et autres poèmes dédiés au Prophète dont la vie est remémorée par d’éminents prêcheurs. La ville devient alors un gigantesque marché où l’on vend livres, habits, tapis, chapelets, surtout les effigies des dignitaires de la Tidjanya. Celles du Cheick Hassoumi et surtout de son maître, Cheik Ibrahim Niass de Kaolack au Sénégal et de sa fille, l’épouse du Cheik de Kiota, Saidat Oummoul Kheir Niass, affectueusement appelée Maman Kiota. Cette convergence vers Kiota est aussi une aubaine pour les restaurateurs qui dépensent des sommes faramineuses pour assurer la restauration de tout ce beau monde. Le Cheick, décédé en avril 2004, son fils, Cheik Moussa Aboubacar Hassoumi, continue de perpétuer la tradition grâce au soutien de fidèles fortunés, de l’Etat, de l’Égypte aussi qui investit, massivement, dans cette ville qui se modernise et avec toutes les commodités permettant la réussite et la pérennité du Maouloud.
Le Waazin Kassa
Le Waazin Kassa, littéralement «prêche national» en langue Haoussa, est un grand rassemblement religieux, chaque année, dans une localité du pays. Ces prêches sont organisés par les associations Kitab Wa Sunna et Ihyaou Sunna qui prônent le retour exclusif à la Sunna. Elles sont issues de la structure-mère, Jama’at izalatil bidia wa iquamatu sunna qui a ses origines au Nigeria. Ces grands prêches rassemblent, durant 24 heures, voire 48 heures, des milliers de personnes venant de tout le pays et au-delà, pour écouter des marabouts de renom. Cependant, ici, pas d’effigie de leaders religieux qui intercèdent, car la quête de Dieu est ici personnelle.
Pour l’occasion, explique Abdoul Razak Ibrahim, un fidèle, «la localité qui accueille l’événement devient un gigantesque marché. Une véritable foire aux produits islamiques. Au cours du Waazin Kassa 2012, à Dosso, une des villes les moins peuplées du Niger, il m’a semblé que la population avait doublé. De plus, les participants, étant tous volontaires, chacun devait se restaurer par ses propres moyens. Une aubaine pour les gargotières, aussi pour les commerçants venus du Niger et surtout du Nigeria, proposant habits, objets de cultes et autres produits de la médecine islamique. Personnellement, j’ai pu y acquérir des bouquins rares que j’ai cherchés, pendant des années, auprès des commerçants locaux», explique-t-il.
Apanews
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