Voilà un problème qui n’a que trop duré. Depuis quelques années maintenant, la question du stockage national traine. À y voir de plus près, la question semble complexe.
Jean Luc Konan Yahault, président du Groupement des Professionnels du Pétrole (GPP) croit en savoir les raisons. « Le stockage national est un projet qui n’agrée pas tous les distributeurs, les intérêts n’étant pas forcément convergents. L’objectif, qui lui était assigné, n’est pas clair pour tout le monde. Certains pensent que, dans un contexte où l’État incite à l’accroissement et à la diversification des investissements, c’est un peu aller à contre-courant que de vouloir que tous les acteurs se regroupent dans une seule entité sans tenir compte des intérêts de chacun. D’autres pensent qu’une mutualisation des investissements de stockage sera plus efficace, va entrainer des économies d’échelle et sera bénéfique pour tout le secteur. C’est un projet qu’il faut donc analyser en profondeur avant qu’un consensus fort ne se dégage. Pour l’instant, tous les acteurs sont partagés sur la pertinence du projet. Nous travaillons à rechercher un consensus », estime celui qui est, par ailleurs, DG de Vivo Energy.
Si la discorde est si grande, c’est que les multinationales évoluant dans le sous-secteur de la distribution des hydrocarbures disposaient, chacune, d’un dépôt. Dakar Océan Terminal (DOT) pour Oilibya, Bel-Air Dakar (BAD) pour Shell et Société des Produits Pétroliers (SPP) pour Total. Une mainmise des majors que les nationaux ne pouvaient contester du fait du déséquilibre des forces.
Dans cette question qui peine à être vidée, chacun semble accuser l’autre. Pour Mouhamed Seck, SG de l’ASP, les tensions sont réelles. « On se sent lésés, nous les indépendants, par rapport au stockage et aux enlèvements de dépôts. Si on arrive à régler cette question du stockage national, il n’y aura plus beaucoup de soucis et tout le monde sera traité au même niveau », soutient-il.
Mais pour Jorge Fernandez, même s’il faut créer un stockage national, il faudrait que les potentiels, qui sont là, puissent restés parce que, dit-il, « ça ne sert à rien de créer un stockage et réduire les capacités, c’est paradoxal. On évoque différentes formules pour expliquer la fermeture de certains dépôts, mais nous disons non. Pour nous, les questions sécuritaires, qui ont été évoquées, pour expliquer cette fermeture, c’est une question qu’on peut maitriser. Le pays a besoin d’une capacité de stockage« , clame-t-il.
Pour rappel, suite aux nombreuses complaintes, l’Etat du Sénégal avait accordé l’autorisation de la création de Senstock, détenu par le patron de Diprom à 65% contre 20 % pour l’Etat du Sénégal. Malgré sa volonté de rouvrir en 2013, les dépôts de Vivo Energy et Oilibya, le ministre Aly Ngouille Ndiaye, sans doute face à la complexité du dossier, a fait machine arrière.
Mais, si le problème persiste tant, c’est aussi parce qu’il semble y avoir un vide juridique. Selon M. Seck, le Comité National des Hydrocarbures (CNH) a montré ses limites dans la gestion du secteur. « Il y a beaucoup de problèmes sur la table comme le stockage ou les licences que le CNH ne peut pas régler et c’est un vide. Il faut impérativement un Régulateur pour le secteur », argue-t-il.
Il ajoute qu’il y a aussi l’essence pirogue, un produit qu’on ne peut pas importer, fabriqué par la SAR et qu’eux, les indépendants, sont leaders sur ce segment.
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