Scientifiques, autorités, collectivités locales, jeunes, tous ont été mobilisés le temps des Journées scientifiques du Sida au Sénégal (JSSS) organisées par le Conseil National de Lutte contre le Sida (CNLS). Une rencontre de haut niveau qui a permis de faire un état des lieux de la riposte contre le Sida et des enjeux futurs.
Les chiffres sont ce qu’ils sont, mais la volonté de remporter la bataille contre le SIDA est intacte. Et les journées scientifique du Sida au Sénégal organisées par le Conseil National de Lutte contre le Sid (CNLS) ont permis de non seulement faire un état des lieux de la riposte, mais surtout de voir comment mieux organiser cette bataille farouche contre le VIH. Se prononçant à l’ouverture des Journées, le Docteur Papa Amadou Niang Diallo, Responsable unité de suivi, évaluation et recherche sur la situation épidémiologique au Sénégal et en Afrique de l’ouest est revenu sur l’état des lieux. « On a enregistré au Sénégal 1600 nouvelles infections au VIH et 2200 décès en 2015, dus au sida, mais le taux de prévalence au sein de la population générale (au Sénégal) est resté stable autour de 0,7℅. Au plan mondial, 36,7 millions de personnes dont 1,8 million enfants vivent avec le VIH », a-t-il révélé. Des chiffres qui restent énormes qui nécessitent la mobilisation de tous les acteurs. C’est d’ailleurs tout le sens du message du ministre de la santé et de l’action sociale, le Professeur Awa Marie Coll Seck. «Il faut se réjouir de la tenue de ces journées scientifique qui viennent au point nommé. Aujourd’hui, la prise en charge du Vih/Sida ne peut se faire sans la recherche. Il faut travailler à multiplier ces actions, faire de telle sorte que les chercheurs se retrouvent pour échanger et partager sur leurs expériences pour plus de résultats dans la lutte contre la maladie et l’atteinte des nouveaux objectifs avant 2030 », a-t-elle déclaré.
«La recherche est le fer de lance de la riposte au sida », Dr Safiétou Thiam
Face à un ennemi aussi coriace que le Sida, il faut faire beaucoup de places à la recherche pour des stratégies innovantes. C’est la conviction du Docteur Safiétou Thiam. «La recherche est le fer de lance de la riposte au sida et la première d’une victoire annoncée. Grâce aux chercheurs, de nombreuses avancées ont été réalisées, d’innombrables vies ont été sauvées. Vous êtes aujourd’hui les annonciateurs d’un monde sans sida. Il faut continuer à vous questionner, concevoir et créer, c’est par vos recherches sans cesse renouvelées que nous finirons par vaincre cette pandémie. Pour plus de résultats dans un contexte marqué par la rareté des ressources, le retrait de certains bailleurs dans la lutte, il faut arriver à faire plus de résultats en comptant avec les ressources disponibles pour l’atteinte des 3 (90) en 2020. Ces journées de réflexions entrent en droite ligne avec les nouvelles stratégies mises en place par le Cnls. C’est pour cette raison que nous tenons particulièrement à ce rassemblement à Dakar, pour vous permettre de mieux échanger, surtout partager avec les plus jeunes, ceux des régions. Pour mieux communiquer entre vous, discuter et comparer vos travaux, vous soutenir mutuellement. En cette période décisive où la possibilité d’une victoire se profile à l’horizon 2030, je conclurais par un appel de solidarité, à la compassion et à l’humanité. Je reste persuadée, comme vous, j’en suis convaincue, que la victoire finale contre le sida se bâtira sur ce grand principe fondateur de la médecine moderne», a déclaré le Secrétaire exécutive du conseil national de lutte contre le Sida. Avec 50 ateliers, 600 participants ces Journées scientifiques ont été un grand succès, selon le Dr Safiétou Thiam. «Même si tout n’a pas été parfait, les jeunes volontaires du Sida nous ont beaucoup soutenu », s’est-elle à l’occasion de la cérémonie de clôture. Revenant sur l’état des lieux, Dr Thiam dira que la situation est stable au Sénégal. Parce que dit-elle, les décès ont baissé de 50%. «Le VIH est trois fois plus élevé chez les filles que chez les garçons. On est conscient que le combat sera long et difficile, mais l’engagement des jeunes nous rassure », se réjouit-elle.
Des recommandations de taille
Ayant consacré ces journées à des échanges de haut niveau, les scientifiques en sont ressortis avec des recommandations on ne peu plus claires. Ainsi, ils demandent pour atteindre l’objectif de tester et traiter tout le monde, de renforcer l’offre de service du dépistage à la gestion des co-morbidités, mais aussi de simplifier les protocoles, d’évaluer les nouvelles molécules à longue durée d’action et l’efficacité du traitement avec la charge virale en routine. «Mais il ne faut pas retarder la mise en œuvre des recommandations internationales basées sur des évidences scientifiques même pour des raisons économiques. Anticiper/répondre à l’augmentation de la charge de travail sur le terrain (délégation des taches), mais aussi surveiller la résistance aux ARV pour limiter son émergence », indiquent-ils. Pour ce qui est des enjeux de l’eTME et de la PEC des enfants, les scientifiques suggèrent de renforcer l’intégration Sr/Vih pour la prise en charge (Pec) des femmes enceintes, de renforcer l’accès au diagnostic néonatal. Intégration des (Poc) comme le GenExpert et implications des communautaires pour élimination de la transmission mère enfant (eTME).
Mais pour les scientifiques, cette lutte ne peut se faire sans le renforcement de capacité des leaders pour une meilleure visibilité du réseau national des personnes vivant avec le VIH/Sida (RNP+) au niveau national et régional. Pour les professionnels du sexe, les scientifiques estiment qu’il faut renforcer les plateaux techniques pour un meilleur diagnostic des infections opportunistes chez les personnes vivant avec le VIH Sida (Pvvih).
D’une voix qui porte, une joie de vivre retrouvée, M. Amadou Dia, Président de l’association des personnes vivant avec le VIH s’est réjoui de la tenue de ces JSSS. «Elles ont permis de regrouper dans un même cadre toutes les couches afin d’échanger sur les expériences et les résultats obtenus jusque là. Il faut les pérenniser », a-t-il lancé aux autorités.
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