Assommée par une sécheresse féroce, l’agriculture marocaine, poumon de l’économie a connu des mois difficiles. Aujourd’hui, les plans d’urgence commencent à porter leurs fruits.
Pays jadis stable avec une économie très dynamique, le Maroc a subitement vu les aléas de la nature s’abattre sur lui. En effet, le Maroc a connu l’année dernière une sécheresse qui a plombé son économie. Selon les études du Fonds Monétaire International (FMI), le pays est en train de subir de plein fouet les contrecoups de la forte sécheresse qui ravage le pays. «La récolte céréalière du royaume est tombée à 3,35 millions de tonnes durant la campagne 2016 contre un record de 11 millions de tonnes durant la campagne précédente », a révélé une mission du FMI. Dans le même sillage, les données du gouvernement montrent que le secteur de l’empli continue de vivre des heures difficiles. «A la fin du mois de mars, le taux de chômage dans le royaume était à 10% à la fin du mois de mars contre 9,9% un an plus tôt. Le secteur agricole est celui qui a été le plus touché par cette situation. En 2016, l’agriculture a perdu 28 000 emplois. Même si ces pertes ont été en partie compensées par des progressions enregistrées dans la pêche et la foresterie, la même dynamique devrait se maintenir cette année. En effet, le pays s’attend à voir la sécheresse provoquer un recul de sa production céréalière en 2016 après une récolte record de 11 millions de tonnes un an plus tôt. Ceci devrait se traduire par une montée du chômage alors que le gouvernement doit affronter actuellement des protestations des acteurs de ce secteur face à ses mesures d’austérité », indique l’agence REUTERS.
Quand l’agriculture tousse…l’économie est grippée
Pour mesurer les effets de la sécheresse sur l’économie marocaine, il faut regarder les impacts du secteur agricole sur l’économie. En effet, le secteur agricole contribue au Produit intérieur brut (PIB) à hauteur de 15% et pourvoie 40% des emplois. Et si la pluviométrie atteint un déficit de 62% par rapport à la normale, c’est toute l’économie qui est grippée. Ainsi donc, il fallait prendre le taureau par les cornes et très rapidement. En janvier déjà, à l’issue d’une réunion de crise à l’initiative du roi qui a réuni autour de lui le Chef du gouvernement Abdelilah Benkirane et Aziz Akhannouche, ministre de l’Agriculture, on annonce un plan d’urgence. Ainsi, le Maroc va mobiliser 418 millions d’euros d’aide au secteur agricole et 95 millions d’euros d’indemnisation. Un plan qui se décline en trois axes portant sur le cheptel, les ressources végétales et le maintien des équilibres. «Ainsi, dans le but d’éviter la spéculation, une réserve d’orge à un prix plafond de 2 dirhams le kilo (0,186 euro) sera mise en place. Parallèlement, la Mamda, principale mutuelle d’assurance agricole va être mise à contribution. Cet organisme devrait consacrer 1,25 milliard de dirhams à l’indemnisation des agriculteurs sinistrés. D’autres compagnies, privées, seront aussi à la manœuvre comme Saham », indique le document du plan d’urgence.
Parallèlement un plan anti-sécheresse sur 3 axes a été mis en place. «Pour le cheptel, un prix cible de 2 dirhams le kilo d’orge garanti sur le territoire (soit 0.186 euro, à noter, que par comparaison sur le marché de Rouen, le cours de l’orge s’établit à 0,153 euro le kilo) prise en charge par l’État de certains frais de transport du fourrage aménagement ou construction de points d’eau pour l’abreuvage du cheptel encadrement sanitaire du cheptel pour la vaccination notamment. Pour les ressources végétales. Il s’agit d’assurer l’irrigation des plantations sous régime pluvial avec une superficie ciblée de 93 000 hectares – sécurisation des semences en céréales avec un stock de 950 000 quintaux et une production prévisionnelle d’un million de quintaux couverture d’un million d’hectares par l’assurance agricole concours du Crédit agricole du Maroc à raison de 1,5 milliard de dirhams. Pour le maintien des équilibres. Il consiste à approvisionner en priorité des populations dans les zones reculées en eau potable et du suivi de l’exécution des projets de l’agriculture solidaire », lit-on.
Les prémices d’un renouveau
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les stratégies ont été efficaces. En effet, les premiers chiffres officiels sur le volume des pluies enregistrées dans les diverses régions renforcent les perspectives d’une bonne campagne agricole au Maroc. D’ailleurs, le ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime n’a pas manqué d’appeler les agriculteurs à accélérer le rythme des emblavements afin de profiter de ces conditions favorables. «Le cumul pluviométrique moyen national au 28 novembre 2016 s’est établi à 116,5 mm, ce qui représente une augmentation de plus de 14% par rapport à une année normale à la même date (102 mm) et de près de 79% par rapport à la campagne précédente (65,1 mm) à la même date. Quand aux barrages, ils affichent aujourd’hui un niveau de 5,71 milliards de m3, soit un taux de remplissage de 42%. Globalement, toutes les régions présentent un excédent pluviométrique par rapport à une année normale. Ces dernières pluies ont permis une reprise de confiance chez les agriculteurs qui devront ainsi contribuer à l’accélération du rythme des emblavements ainsi que celui de la commercialisation des semences, affirme le ministère. Notant que les superficies emblavées à cette date s’élèvent à 1,44 MHa et une quantité de 1,04 million de quintaux de semences a été commercialisée sur un disponible de 1.9 MQx », se réjouit le ministre de l’Agriculture dans un communiqué. Aussi, les agriculteurs continuent de bénéficier du programme d’assurance d’une enveloppe de crédit bancaire décaissée depuis le début de la campagne 2016/2017 et qui s’élève à 1,5 milliard de dirhams et qui devrait s’établir à près de 5,5 milliards de dirhams d’ici la fin de cette campagne.
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