Comparées aux firmes occidentales, les sociétés maliennes intervenant dans l’agrobusiness ne ferraient pas le poids. Mais, placées dans un contexte sous-régional, certaines pourraient se hisser dans la case des grands.
Production d’engrais et de fumure organique, élevage d’autruches, aviculture, pisciculture, production de riz, de canne à sucre… Et la liste est naturellement longue. Mais alors pourquoi, le Mali importe-t-il toujours des produits agricoles malgré un potentiel hydro-agricole incomparable ?
Des potentialités non maitrisées
«C’est impensable, voire inconcevable que le Mali importe des vivres pour nourrir ses fils». Cette phrase a toujours été répétée devant des milliers d’étudiants ou lors de conférences nationales ou internationales quand il s’agit de parler des potentialités agricoles du pays. Avec une superficie de 1,2 millions de km², chaque partie du Mali pourrait s’adapter à une espèce spécifique de culture.
Avec plus d’un million d’hectares, l’Office du Niger, dans le delta intérieur du fleuve Niger, pourrait constituer le grenier de l’Afrique. Il présente des réserves sans précédent pour la riziculture, le maraichage, la production de canne à sucre. Malheureusement, seulement 82 000 hectares de ce potentiel est aujourd’hui exploité par des petits exploitants. Des partenaires chinois y produisent de la canne et la transforment au niveau de l’usine sucrière de Markala.
L’agriculture, dans cette zone, pourrait être plus mécanisée avec la maitrise de l’eau au niveau du barrage de Markala. Pour optimiser l’exploitation du barrage et les terres aménagées, le gouvernement a mis en place la Direction de l’Office du Niger. Malheureusement, elle n’est pas capable de remplir les attentes du malien lambda, le secteur rencontrant d’énormes difficultés.
Le sous-financement des activités agricoles par les institutions bancaires est un facteur qui freine l’agrobusiness. Ce qui pousse les producteurs à limiter leurs activités. Pour disposer d’un prêt à la banque, il faut se munir d’une garantie. Du coup, les jeunes diplômés et petits exploitants ne peuvent pas y prétendre. Les rares projets financés par la Banque Mondiale et autre partenaires sont aussi très sélectifs, voire discriminatoires…
Les géants de l’agrobusiness au Mali
Ils sont émergents, imposants et déjà leaders dans d’autres secteurs. Ce sont des opérateurs économiques, anciens fonctionnaires ou émigrés de retour qui ont cru en la terre et ont investi dans le secteur. La ferme Kledu, spécialisée dans l’élevage de l’autruche, avec des investissements en milliards. Elle est fondée par Mamadou Coulibaly, actionnaire dans des dizaines de sociétés (Air Mali, Tam voyage, groupe Kledu, Malivision, Assurance Sonavie, Orange Mali, Kledu Pressing, ImprimColor). «Mon objectif, c’est de vendre des autruches à travers le monde entier», avait-il déclaré quand il démarrait son élevage.
Il y a aussi la ferme de Boubacar Diallo dans la pisciculture. Pour M. Diallo, «la pisciculture ou l’élevage des poissons est aujourd’hui plus qu’un art». Pour lui, la pratique intensive ou extensive de la pisciculture constitue un cadre novateur pour favoriser l’emploi des jeunes. La ferme, à proximité de Bamako sur 10 ha, a une capacité de production de 40 millions d’alevins.
Dans l’aviculture, la société Doucouré et Frères semble avoir pris le lead dans la production de poules pondeuse et de poulets de chair. Le business a atteint un tel stade qu’ils sont plus dans la production de poussins, revendus aux petits exploitants.
Un jeune prodige, Ibrahim Diallo, moins de 40 ans, est aujourd’hui leader dans l’élevage de cailles. Avec une production en cage, Ibrahim possède +36 000 cailles, un business qui le fait vivre.
Un autre géant, cette fois à l’échelle sous-régionale, Toguna Agro Industries, a reçu récemment le « Prix de la Qualité » à Genève. Créée en 2006, Toguna accompagne les agriculteurs maliens à travers la production et la vulgarisation de l’engrais. Avec une capacité de production de 200 000 tonnes d’engrais par an, elle exporte une bonne quantité dans la sous-région.
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