Après la Tabaski et ses grosses dépenses, avant le Magal Touba et d’autres grosses dépenses et la Tamkharite et ses moyennes dépenses la rentrée des classes est un moment de frissons tout aussi onéreux pour les parents d’élèves. Comment passer cet écueil sans y laisser sa peau ? Voici la question à laquelle les parents sont confrontés dans cette période de conjoncture !
Si pour les jeunes apprenants, la rentrées des classes est un moment de retrouvailles avec ses camarades de classe, pour les parents c’est tout autre chose. Surtout, après les dépenses faramineuses de la Tabaski. La fin des grandes vacances des potaches rime plus avec le début des tourments financiers des parents qu’autre chose. Ces derniers se demandent, à chaque fois que le soleil se lève, comment faire face à tout cela. Une situation très difficile pour qui connaît le revenu de la plupart des Sénégalais. Nous voici au garage « Petersen » de Dakar, un marché réputé pour ses articles à moindres coûts. Un véritable souk pour les ‘’gorgorlou’’. C’est sur fond de musique que les clients déambulent entre les étales en quête de chaussures, habits, cahiers, livres, sacs et …Ici on trouve toutes sortes d’articles et a des prix imbattables, selon les commerçants, chers pour les clients. « Ce marché était jadis un lieu pour nous les ‘’gorgorlou’’, mais tel n’est plus le cas aujourd’hui car tout est cher. Voyez par exemple ce livre ‘’Sidy et Rama ’’, d’habitude il coutait 2000f CFA, maintenant on nous dit 3000f CFA, les commerçants ne savent pas que nous sortons de la Tabaski, une fête très couteuse », dénonce Fatou Binetou Faye, une mère de famille venue chercher des livres et cahiers pour ses enfants.
Trouvé à quelques mètres de Fatou Binetou, en train de marchander des habits, Momo Thiaw, ne manque pas de dénoncer la cherté des articles, après une vingtaine de minutes de marchandage, ce père de famille, finit par cocher la dernière ligne de sa liste de course avec un ouf de soulagement, car pour lui « la rentrée est l’un des moments très fort pour les enfants, et tous les astuces sont bons pour leur faire plaisir aux enfants », souligne-t-il.
De l’autre côté de la ville, à une dizaine de minutes de marche, nous voici a « Sandaga », une même atmosphère nous accueille. Dans une librairie plein à craquer, un père de famille envoisinant la soixantaine, et répondant au le nom de Djaraf Ndoye, dit avoir perdu le sommeil à cause des nombreuses dépenses auxquelles il doit faire face. Pour autant ce vieux ‘’ Lébou’’ de 11 bouts de bois de Dieu, compte bien satisfaire aux obligations des fournitures scolaires même s’il se trouve « entre le marteau des fêtes et l’enclume de la rentrée scolaire ».
Cependant, Moussé Paye estime lui que « tout est question de méthode, et de planification ». La cinquantaine bien sonné, le vieux Paye nous livre ses secrets « je ne suis pas fonctionnaire, ni un millionnaire, mais juste un ‘’gorgorlou’’. A chaque fin d’année scolaire, je profite des vacances scolaires pour réinscrire mes enfants, acheter quelques fournitures que je sais obligatoires pour soulager la bourse au mois d’octobre. Aussi je veille à l’entretien des livres au programme pour permettre aux plus jeunes de l’utiliser le moment venu sans bourse délier. Donc à la rentrée des classes, il ne reste qu’à régler certains trucs, et la ma vie est tranquille », explique-t-il.
Un conseil qu’il semble partagé avec la dame Yacine Sakho. A l’en croire, il faut faire passer les priorités avant tout. « Certes, je ne suis pas dans le besoin. J’ai 2 de mes enfants qui travaillent, et qui peuvent m’épauler, mais d’autres non. C’est vraiment difficile. » Et pour cette mère de famille, il est temps que les sénégalais procèdent par priorité et fassent leurs achats suivant leurs moyens.
De son côté, Pape Moussa Niang crie au scandale, pour ce père de famille de 3 enfants, les écoles d’aujourd’hui vivent sur le dos des parents et c’est inacceptable. « J’imagine déjà les soucis, les nuits blanches et le stress qui envahissent les parents d’élèves. Surtout ceux qui ont la chance ou la malchance d’avoir plusieurs élèves ou étudiants à charge. Les frais d’inscription qui chaque année augmentent. On ne sait toujours pas pourquoi les directeurs des établissements privés et même parfois publics s’arrogent le droit d’augmenter les frais d’inscription de manière unilatérale. Chaque année, il y a un montant de 1 000 francs, 2 000 francs ou plus qui s’ajoute sur les frais d’inscription déjà énormes. Le parent découvre la hausse devant le caissier qui ne lui fournit aucune explication. Evidemment, il se plaint à chaque fois mollement et finit par payer la somme demandée. Or, rien ne justifie cette hausse. Aucun changement sur les contenus des enseignements. Aucun service complémentaire sur le package. Simple arnaque ! » Se plaint-ce père de famille. Son ami Khadim Kebe va beaucoup plus loin. « Là n’est pas le problème. La véritable arnaque maintenant, ce sont les uniformes introduits dans les écoles depuis quelques années. Au nom d’une soi-disant équité ou égalité entre riches et pauvres, les chefs d’établissement ont introduit ces nouvelles tenues vestimentaires dans les écoles, mais en réalité c’est une véritable vache à lait pour ces autorités. Un véritable marché tenu par la direction de l’école sans les parents d’élèves. C’est elle qui fixe les prix, les modalités de paiement et choisit même les tenues. Les parents n’y sont pas associés alors que c’est eux qui achètent et ce sont leurs enfants qui vont porter ces uniformes. Quel scandale ! Chaque année, en plus des frais d’inscription et des mensualités pour les écoles privées, le parent d’élève débourse 25 mille, 30 mille francs, voire même 50 mille selon les écoles pour chaque élève, pour des uniformes souvent de bas de gamme. Les chefs d’établissement proposent aux parents des jupes, pantalons et chemises. Comme le marché est maintenant alléchant, ils ont élargi la gamme de vêtements et offrent des vestes, cravates, pull-overs et même des tenues de sport. Le pantalon et la chemise sont obligatoires. L’établissement exige aux parents d’acheter tous les ans un pantalon et une chemise et une tenue de sport au minimum. Il arrive que le parent, pour des raisons économiques, décide de ne pas acheter de tenue parce que l’uniforme de l’année passée est encore bien entretenu, mais l’établissement refuse systématiquement et lui exige une nouvelle tenue sans se soucier de son pouvoir d’achat», explique cet ancien prof de philosophie.
La rentrée des classes ne laisse personne indifférent, et chacun y va de sa propre analyse. Pour Edouard Thiaw, un enseignant à la retraire, ce n’est pas l’argent qui pose problème, mais plutôt le fonctionnement de l’Enseignement d’aujourd’hui. « L’enseignement des enfants n’a pas de prix, même si les temps sont dures n’empêche, on fera tout pour satisfaire les enfants, c’est le minimum que nous poussions faire en tant que père de famille. Cependant les pères de famille se décarcassent pour inscrire les enfants, acheter des fournitures, assurer les transports et la restauration des enfants, mais après tous ces sacrifices, on assiste à chaque fois à des grèves cyclique et hypothéquant l’avenir de nos enfants et de cette jeunesse », se désole-t-il.
Alioune Faye (Stagiaire)
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