Quelques jours après la publication de l’enquête sur le carburant toxique vendu en Afrique, les langues se délient de plus en plus. Dans une interview accordée à 24 heures, Géraldine Viret responsable de la communication et membre de la direction, y est allée de ses révélations dans ce qu’elle considère comme la plus importante de son histoire.
« Nous avons été choqués par le rôle central des négociants suisses dans le commerce de carburants à haute teneur en soufre. Des pratiques qui ont un prix: la santé de millions de personnes en Afrique », a-t-elle pesté. Revenant sur les raisons de cette enquête, elle révèle que tout est parti d’un scandale du Probo Koala. Un navire affrété par le géant Trafigura et qui a déchargé en 2006 plus de 500 tonnes de déchets toxiques à Abidjan, en Côte d’Ivoire. « Nous avions alors découvert que ces derniers étaient le résultat d’un processus de raffinage improvisé visant à produire de l’essence à haute teneur en soufre. En parallèle, nous avons constaté que des négociants suisses se déployaient sur toute la chaîne d’approvisionnement des carburants en Afrique, en achetant des entrepôts et des réseaux de stations-service », a-t-elle révélé. Un travail de longue haleine qui a nécessité beaucoup de moyens et d’énergies. « Notre rapport «Dirty Diesel» est le fruit de trois années d’enquête entre la Suisse, les Pays-Bas et l’Afrique. Toute l’équipe Matières premières de Public Eye s’est impliquée dans cette recherche. Nous avons également travaillé avec une enquêtrice basée à Amsterdam, qui nous a ouvert les portes du monde complexe de la production de carburants. Enfin, nous avons créé un réseau avec des partenaires africains au Ghana, au Nigeria, en Côte d’Ivoire et au Mali », a-t-elle dit.
Et s’ils ont un souhait ardent, c’est que ce rapport suscite un débat en Suisse et en Afrique. « Aujourd’hui, Trafigura affirme par exemple vouloir devenir un «leader reconnu en matière de responsabilité sociale» et orienter ses pratiques sur les Principes directeurs de l’ONU relatifs aux entreprises et droits humains. Nous leur donnons l’occasion de joindre les actes à la parole, en ne vendant que des carburants conformes aux normes européennes partout dans le monde », a-t-elle dit.
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