L’Aïd El Kabîr, plus connu sous le nom de Tabaski (fête du mouton) au Sénégal, donne lieu à une grande effervescence sur le marché ovin au Sénégal . Durant cette période, où la consommation de viande de mouton atteint des pics exceptionnels, on assiste au développement d’une véritable économie qui gravite autour de cette fête du sacrifice, allant du vendeur de moutons, du client, de la municipalité, jusqu’au vendeur d’aliment de bétails et d’accessoires.
La fête de la tabaski reste un des événements phares dans l’agenda culturel et religieux du pays, à laquelle les autorités étatiques accordent une attention très particulière. Pour la Ministre de l’Elevage et des Productions Animales, Aminata Mbengue Ndiaye : « pour l’année 2016, les besoins du pays sont estimés à 750. 000 têtes » .C’est ce qui prouve que cette fête reste la plus grande du pays. Ainsi une économie très particulière nait durant cette période
Le mouton, un véritable sacrifice.
Le bélier reste l’élément principal de la fête. Si pour certains pères de famille son acquisition reste un véritable parcours du combattant, pour d’autres tel n’est pas le cas. Pour le vieux Pape Gueye, éleveur à la Médina, tout semble être un problème de méthode et d’organisation. Fin connaisseur, il a bien accepté de parler sur nos antennes de sa stratégie pour faire face aux dépenses de la fête.
« Pour moi, il faut être méthodique. Je n’ai pas de problèmes pour avoir de mouton, parce que je l’ai bien préparé. Chaque année, au lendemain de la fête , au moment où les prix des moutons chutent, je me rends au ‘’DARAAL’’(marché d’ovins) pour en acheter un ou deux que j’élève pour la prochaine fête. A partir de là, j’ai plusieurs mois pour bien m’occuper d’eux et les voir grandir. Et comme tout bon Gueyenne(cousinage typique au Sénégal et au Mali basé sur le nom de famille) j’aurais une belle viande » se marre t-il.
Ibrahima Mar aurait voulu avoir la même possibilité. Pour cette homme d’une soixantaine d’années trouvé assis sur son fauteuil entouré de ses petits-enfants » Elever serait l’idéal, mais les maisons n’ont plus assez d’espace pour avoir des moutons, ensuite se pose le problème de l’insécurité ». Ibrahima Mar dit faire partie de cette catégorie de gens qui se sont résolus à acheter le mouton même si les prix sont exorbitants.
Les vendeurs et les prix
Le mouton reste la préoccupation majeure du père de famille. En cette période marquée par une conjoncture économique difficile, trouver « chaussure à son pied » n’est pas donné. Nous voici au marché ‘’LOUMA’’ (hebdomadaire) de khombol, une localité se trouvant après Thiès (entre Thiès et Bambey ) un vendeur, la quarantaine répondant au nom de Mouhamadou Lamine Gueye semble apporter la solution avec ses moutons ‘’PEUL-PEUL’’ pour » toutes les bourses ». Sa cible: c’est le sénégalais moyen, l’ouvrier, le fonctionnaire : « dans mon enclos les prix sont diversifiés et sont très abordables, il y ‘en a pour toutes les bourses. Les prix varient entre 30.000 et 100.000 FCFA, n’est-ce pas abordable ? » se demande t’il.
Autre endroit, autre réalité. Nous sommes cette fois au cœur de la capitale sénégalaise, plus précisément à Dakar – Plateau. Ngagne Demba kébé alias ‘’DG’’ est un vendeur d’un autre genre. Il est jeune, élégamment habillé et portable de luxe à la main… Sa clientèle : les gens nantis, car dans son enclos on y trouve que des moutons de « races » allant du ‘’BALI-BALI’’ au ‘’ LADOUM’’. La bête la moins chère coûte 600.000 FCFA , c’est ce qui explique sans doute la présence de nombreuses voitures de luxe tout autour de son local.
De l’autre côté de la rue, est installé un jeune vendeur de foin, son nom Aziz Kane. La trentaine bientôt, Aziz est en train de réussir « sa » fête car la vente va à une bonne allure. un avis bien partagé par Alioune Ndiaye assis tout juste à côté, avec ses couteaux, grillages, et d’autres accessoires. Lui aussi, écoule sa marchandise à un bon rythme.
En résumé, la fête du mouton reste une aubaine pour tout le maillon économique du pays et chacun s’y trouve. Le vendeur de mouton, le vendeur de foin, le vendeur de cordes, les vendeurs de couteaux, les transporteurs, les restauratrices, tous autant qu’ils sont profitent de cet événement. Le jour de la fête, les bouchers ou dépeceurs de viandes, ceux qui récupèrent les peaux des moutons pour les revendre, ceux-là aussi attendent leur jour de gloire. Tout le monde est finalement gagnant. Omar Faye, Conseiller Municipal ne dit pas le contraire » la municipalité gagne beaucoup pendant cette période avec les impôts et taxes ». Dieu ne fait-il pas bien les choses ?
Alioune Faye (Stagiaire)
Discussion à ce sujet post