Le développement des infrastructures est un levier important pour la croissance économique d’un pays ou d’un continent.
De fait, les questions liées à l’énergie et aux transports sont devenues une préoccupation majeure pour les gouvernements africains qui ont la ferme volonté de faire du développement des infrastructures, une priorité.
Pour ce faire, des défis considérables doivent impérativement être relevés notamment :
- La faible implication du Secteur privé dans de développement des infrastructures ;
- Le déficit de financement des infrastructures estimé à 40 milliards USD par an en Afrique
- L’absence d’une approche régionale, voire continentale favorable au développement des infrastructures transfrontalières au profit du commerce interafricain.
Ainsi, les éléments suivants pourraient constituer les principaux leviers pour relever les défis précités :
1.L’environnement des affaires
L’amélioration de l’environnement des affaires contribue à favoriser la participation du secteur privé dans la croissance économique. Par conséquent, les réformes impliquant le Secteur privé permettraient une meilleure prise en charge des grands projets, laissant au Public ses prérogatives et offrant au Privé l’opportunité d’apporter son savoir-faire technique et stratégique. L’Inde est un bel exemple par son association au Secteur privé qui a permis de combler les lacunes en infrastructures avec plus de 1000 projets mis en place.
- Les politiques
Un des leviers les plus importants du développement des infrastructures est la consolidation de Partenariat Public-Privé. Aussi, un engagement fort de l’Etat et des lois claires permettraient de lever ces appréhensions au profit de la formation des PPP. Par exemple, 23 États des USA ont des lois sur les PPP qui autorisent l’investissement privé dans les projets routiers. Au Canada et en Italie, des modifications apportées aux lois autorisent la fourniture d’un plus vaste éventail d’infrastructures et de services publics par l’intermédiaire de PPP.
- Le cadre institutionnel
La mauvaise compréhension de l’allocation des risques par les Administrations en est un des principaux freins à la consolidation des PPP en Afrique, en raison d’un manque d’informations sur le fonctionnement desdits PPP. Il convient de renforcer les compétences locales dans les institutions publiques à propos des partenariats avec le Privé dans les grands projets de l’Etat, afin de faciliter le recours à ceux-ci. Par exemple, le Canada, le Québec, l’Ontario et la Colombie-Britannique se sont dotés d’organismes spécialisés pour s’occuper des PPP. L’Allemagne a un groupe de travail sur les PPP pour soutenir les différents projets et faciliter le transfert de connaissances. Au Brésil, un Conseil fédéral des PPP fixe les critères de sélection des projets et de conception des contrats.
- L’expertise externe
Les Etats font de plus en plus appel à des experts externes pour les accompagner dans les négociations pour mettre en place des PPP. Hormis le renforcement de compétences locales dans les Administrations, le recours aux cabinets de conseil spécialisés est très important pour «évaluer avec précision et transparence, l’optimisation des ressources et les risques en matière d’efficience et d’équité découlant de la participation du Secteur privé à des infrastructures ou à des services publics».
- Le financement
Le déficit de financement des infrastructures en Afrique est estimé à 40 milliards USD par an. Ainsi, la couverture de ces besoins nécessite la mobilisation de financements considérables. Certains pays (Singapour) s’appuient sur leurs fonds souverains, compétents en la matière. D’autres (Afrique du Sud) utilisent les obligations d’infrastructures pour financer la construction des infrastructures de transport et d’énergie. Hormis ces modes de financement, les PPP sont avantageux car permettant de réduire les niveaux de dépenses et d’endettement du Public et d’aller chercher des capitaux privés pour financer les grands projets. En Inde, les PPP ont permis de lever 50% d’investissements privés pour les projets d’infrastructures.
Une synergie régionale, voire continentale
La mise en place d’une approche régionale, voire continentale, est indispensable pour favoriser le développement des infrastructures transfrontalières au profit du commerce interafricain. Cela permettrait de réduire, de manière considérable, les coûts du transport des marchandises en favorisant davantage d’investissements.
Enfin, en dépit des risques liés à leur gouvernance, les PPP restent avantageux pour développer les projets d’infrastructures car permettant la réduction des dépenses publiques, l’optimisation des ressources, l’efficience économique, l’innovation, un meilleur entretien des biens et le partage des risques encourus.
Ibrahima Cheikh DIONG
PDG Africa Consulting and Trading (ACT)
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