Pour contribuer à présenter une meilleure image de l’Afrique de par le monde, le ministère marocain de la Communication et l’Organisation de la Conférence islamique (OCI) ont organisé un forum des médias sur le Continent, «Image et Opportunités» du 17 au 19 décembre à Marrakech.
La meilleure illustration que le sujet est en vogue actuellement, c’est bien la remarque d’Eric Chinje, patron d’African Media Initiative (AMI), qui soulignait que c’était la 9ème fois en 2 mois, qu’il participait à une rencontre sur le thème en Afrique et ailleurs et qu’il était en route vers les Etats Unis pour aller débattre sur le même sujet…
C’est dire que le sujet préoccupe et passionne énormément. L’Afrique serait-elle présentée par les médias occidentaux, en particulier, sous forme de «stéréotypes déformés de pays sous-développés» ? Pour les participants au Forum, le ministre marocain de la Communication, Moustapha Khalfi, en particulier, il faut saisir cette opportunité pour retravailler l’image du continent et la présenter sous de meilleurs auspices. La présenter comme «le continent qui affiche des taux de croissance, parmi les plus élevés au monde, avec d’énormes potentiels pour les investisseurs, donc un modèle d’avenir». Surtout que, toujours d’après M Khalfi, «au cours des dix dernières années, nous avons assisté à une réduction du gap technologique de 22 à 4% entre l’Afrique et les pays du Nord».
La tentation est grande de succomber à ce plaidoyer tellement il est convaincant. Mais, il reste que le journaliste ne peut pas faire seulement de la communication, fut-il pour son cher continent. Autant, il doit privilégier les images et histoires qui valorisent, les success-stories qui gratifient… Autant, il ne doit pas occulter les informations qui fâchent : l’épidémie d’Ebola, la corruption, la mauvaise gouvernance, les guerres et famines… Ce sont des réalités qu’on ne peut nier.
Pour autant, il est de notre responsabilité de donner des informations factuelles, plurielles et véridiques. C’est tout le sens du combat pour une presse africaine, libre et indépendante.
Toutes choses étant égales par ailleurs, à Marrakech, le débat a été très relevé. Dans les panels de discussions, il a beaucoup été question de comment renforcer les capacités des médias africains et leur rôle pour véhiculer une image positive du continent. Il faut orienter les opérateurs économiques à porter leur attention sur les immenses potentiels des ressources naturelles et humaines du continent. Soit autant d’opportunités d’investissements qu’il faut relayer…
Mais pour ce faire, il faut que les journalistes aient accès à l’information. Un travail de facilitation qui incombe aux organismes gouvernementaux et sous-régionaux. Juste un exemple. Selon une étude de l’OCI, 80% des échanges intra-africains n’arrivent pas à utiliser les divers accords préférentiels signés par les Etats africains entre eux. La cause ? Des normes et barrières administratives que les opérateurs économiques ont du mal à transcender. En général, ils n’ont pas la bonne information, les journalistes encore moins… D’où le rôle de l’OCI à faire connaitre les dispositifs et mécanismes devant faciliter le business entre les pays membres de l’Organisation, entre pays africains en particulier…
Au terme des discussions, le Forum a publié une Déclaration de Marrakech et des recommandations portant, entre autres, sur la formation et le développement des capacités ; la coopération et le partenariat entre médias africains ; la consolidation des mécanismes de communication ; la protection des journalistes et la liberté de la presse. On peut relever des propositions intéressantes comme la création de plateformes digitales sur les réseaux sociaux pour l’échange d’articles, d’images et de contenus d’informations spécifiques au continent ; l’évaluation de l’Observatoire de la liberté de la Presse à Abidjan ; s’ouvrir aux pays anglophones et lusophones pour davantage de compréhension mutuelle…
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