Mohamed Ali est décédé vendredi soir à l’âge de 74 ans suite à des problèmes respiratoires. Champion de boxe, icône du mouvement des droits civiques aux Etats- Unis, héros des temps modernes, sa disparition suscite une vive émotion. De sa ville natale Louisville (Kentucky), où auront lieu ses obsèques, en passant par toute l’Amérique, le continent africain et le monde musulman, les témoignages sont unanimes. Barack Obama a salué l’homme qui a « secoué le monde ». «Ali s’est battu pour ce qui était juste. Son combat en dehors du ring lui a coûté son titre, lui a valu nombre d’ennemis. Mais Ali a tenu bon » a dit le Président américain.
En 1966, Ali refuse de servir dans l’armée américaine engagée dans la guerre du Viêt Nam en déclarant : « Je n’ai rien contre le Viêt-Cong. Aucun vietnamien ne m’a jamais appelé négro,mettez-moi en prison s’il le faut». C’était ça Mohamed Ali ! Des prises de positions courageuses pour défendre son identité noire, mais aussi pour défendre toutes les causes qui touchent à la condition humaine. Son engagement, il le montra encore et toujours à chaque fois que l’occasion s’est présentée. En 1974, il affronte Georges Foreman à Kinshasa en terre africaine pour ce qu’on a appelé à l’époque le combat du siècle et déclare au Président Mobutu qui le reçoit dans sa résidence : «Je suis citoyen américain et je n’ai jamais été invité à la maison blanche, c’est un honneur que vous m’invitez à la maison noire. Ici à Kinshasa, je me sens chez moi ».Un courage que Kareem Abdul-Jabbar, ancien joueur des Los Angeles Lakers, voit comme quelque chose qui a fait grandir tous les américains
« A une époque où les Noirs qui s’élevaient contre les injustices étaient traités d’arrogants et souvent arrêtés, Mohamed a volontairement sacrifié les meilleures années de sa carrière et s’est battu pour ce qu’il croyait juste. En faisant cela, il a fait grandir tous les Américains, Noirs et Blancs. Je mesure peut-être 2,18 m, mais je ne me suis jamais senti aussi grand que lorsque j’étais dans son ombre » s’est exprimé la legende de la NBA.
« Je danse comme un papillon et je pique comme une abeille » aimait-il lancer à ses adversaires. Insaisissable, vif, redoutable show-man, Ali a été le premier boxeur triple champion du monde. Un grand champion : Le plus grand disent certains ! Lors du fameux combat contre Georges Foreman à Kinshasa, il reconquiert son titre et entre davantage dans la légende, mais pour son challenger, Ali a dépassé le cadre strict de la boxe et de ses titres.
« Ali a toujours été plus grand que la boxe. Il change le monde. Aucun autre boxeur ne pouvait faire ça » a-t-il témoigné.
Né Cassius Clay, le champion devient Mohamed Ali avec sa conversion à l’islam en 1964. Croyant exemplaire, tolérant et œuvrant inlassablement pour témoigner du message d’amour que porte l’Islam. Même lorsque, le l’extrémisme fait surface dans le monde, Ali a élevé la voix contre les amalgames et l’islamophobie qui pouvaient en découler. Oui, il a parlé à des moments où il était plus facile de se terrer. Récemment, le Président Obama lors d’un discours, rappela les héros sportifs musulmans de l’Amérique. Sitôt dit, Donald Trump candidat républicain à la maison blanche répliqua en affirmant que l’Amérique n’avait pas de héros sportif musulman et proposa même de renvoyer tous les musulmans en dehors des Etats-Unis. Là, encore, malgré l’age, Ali s’insurgea contre les propos du républicain et donna encore une leçon de tolérance au monde.
« Je suis musulman et tuer des gens innocents à Paris, San Bernardino ou n’importe où ailleurs dans le monde, ça n’a rien d’islamique. Les vrais musulmans savent que la violence impitoyable de soi-disant Jihadistes islamiques va contre les principes mêmes de notre religion. Je crois que nos dirigeants politiques devraient utiliser leur position pour faire progresser la compréhension de la religion islamique et pour dire clairement que ces meurtriers égarés ont perverti les idées des gens sur ce qu’est l’islam» expliqua t-il, avant de donner à ses frères de religion mais également au monde entier, un message pour l’avenir. Un avenir où l’Islam est, et sera encore au cœur des débats.
« Nous, musulmans, devons résister à ceux qui utilisent l’islam pour faire avancer leur propre agenda personnel. Les vrais musulmans savent ou devraient savoir que c’est contre notre religion d’essayer d’imposer l’Islam de force à quiconque. »
Champion du noble art et surtout des nobles causes, Mohamed Ali fait parti de ces personnages qui ont participé aux grands changements du monde. Si le Coran n’avait pas prévenu qu’après le prophète de l’Islam, l’ère des prophètes serait révolue, on oserait le titre pour Ali. Avec sa disparition, c’est une grande page du xx eme siècle qui se referme.
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