Les rencontres du Dakar Business Hub ont vécu leur 2ème édition le 06 mai dernier à l’hôtel Radisson Blu sous le thème «le financement des économies africaines : Défis et Opportunités».
Les organisateurs du DBH ont mis la barre très haut pour ce second rendez-vous avec des débatteurs d’un grand niveau. Il s’agit, en l’occurrence, de Stanislas Zézé (Bloomfield Investment Corp), Marie Odile Kantoussan (CGF Bourse), Thierno Seydou Nourou Sy (BNDE), Pape Demba Diallo (numéro 2 du FONSIS) et Gabriel Lopez (BGFI Bank). Tous d’éminents acteurs du monde de la finance qui se sont retrouvés pour échanger sur le thème avec un public de connaisseurs, venu nombreux. On pouvait y reconnaitre Amadou Hott, patron du FONSIS, Pierre Goudiaby Atepa Président de la BRVM, Babacar Ndiaye ancien Président de la Banque Africaine de Développement (BAD), sans compter Cellou Dalein Diallo, ancien Premier ministre de la Guinée Bissau, de Moctar Fall (AGROSEED), Papa Madické Diop (BEM Dakar) et bien entendu, Ibrahima Cheikh Diong, modérateur des débats de Dakar Business Hub dont il est le Président.
S’il y’a une idée qui a fait l’unanimité tant au niveau des panélistes que du public, c’est la nécessité pour l’Afrique de créer des champions. C’est-à-dire promouvoir l’éclosion de capitaines d’industries capables d’impulser le changement, de produire de la richesse. Ce sont ces champions qui, à la tête de puissantes entreprises, peuvent faire vivre un certain nombre de PME actives dans le même secteur, a expliqué Pape Demba Diallo. Mais pour se faire, pense Gabriel Lopez, il faut cultiver et promouvoir l’excellence. «En tant que banquier, nous ne souhaitons qu’une chose : avoir des dossiers excellents sous tous les rapports», a suggéré le patron de BGFI Bank.
Une autre idée qui a retenu l’attention, c’est l’invitation envoyée par Stanislas Zézé aux Etats et entreprises à favoriser les financements innovants, notamment via le marché financier. Selon lui, ils sont gages de bonne gouvernance et d’optimalisation des dépenses. «Les Etats empruntaient beaucoup aux institutions dites de Bretton Woods, ces prêts avaient souvent une connotation politique. Aujourd’hui avec les financements innovants, l’investisseur ne se pose que deux questions: que vais-je gagner ? Et quelle est la capacité de l’Etat ou l’entreprise à rembourser ? Cette nouvelle donne pousse les pays à plus de transparence, à plus de rigueur dans la gestion des comptes publics», a expliqué le PDG de Bloomfield tout en ajoutant que ces financements incitent aussi les Etats à optimiser les ressources.
Même son de cloche chez Marie Odile Kantoussan qui appelle à une plus grande éducation financière des individus afin qu’ils s’intéressent au marché des titres, aux transferts d’argent ou encore à l’assurance-vie. «Venir à la Bourse par exemple, ce n’est pas perdre le contrôle de son entreprise», lancera t-elle à l’endroit des patrons.
Pour sa part, Thierno Seydou Sy a attiré l’attention sur le fait que la banque fait des offres globales tandis que la PME a des besoins plutôt spécifiques. Ceci pour mettre en évidence les difficultés des entreprises qui peinent à avoir des fonds propres à accéder aux crédits. Ces difficultés à accéder aux crédits dits longs risquent, d’ailleurs de s’accentuer, averti-t-il, avec les réglementations dites Bâle II et Bâle III, visant à une couverture plus fine et plus complète des risques bancaires à travers trois piliers (i. l’exigence des fonds propres, ii. la surveillance prudentielle et individualisée, iii. la transparence et la discipline de marché).
Pendant 2 heures non stop, les panélistes ont échangé avec un public averti. Au cours des interventions, l’idée de favoriser l’éclosion de véritables champions est revenue par la voix de Bachir Niang, entrepreneur et initiateur de Wass-Walo. Pour ce dernier, il est urgent pour que le patronat joue son véritable rôle de voix des entreprises locales face à une concurrence étrangère, de plus en plus favorisée.
La difficulté de trouver des financements pour les projets dans les secteurs porteurs est également revenue dans les discussions. Devant la récurrence du problème, Thierno Sy de la BNDE a émis quelques pistes de réflexions, notamment amener les banques à recruter des experts sectoriels. Pour les projets agricoles par exemple, l’idée serait de recruter des ingénieurs agronomes dans leurs services qui étudient les dossiers de crédit provenant du monde agricole. Ceci, pour mieux comprendre les enjeux et parler le même langage que les acteurs du secteur.
Au total, les échanges ont été vifs et forts enrichissants. Ibrahima Cheikh Diong l’a d’ailleurs rappelé dans son discours en pointant du doigt le fait qu’il serait difficile de réunir autant de personnalités du monde de la finance sur un même plateau. Cet aspect des choses n’a pas échappé aux jeunes entrepreneurs invités à pitcher devant ces décideurs. Trois minutes pour convaincre ! C’est la belle innovation trouvée par les organisateurs du Dakar Business Hub.
Racine Sarr, créateur de Shop Me Away, a été le premier à se lancer. Cet ancien de Paris-Dauphine propose une plateforme qui permet d’acheter à l’étranger ce que vous ne pouvez trouver à Dakar en un temps record et en toute sécurité. Avec un chiffre d’affaires de 50 millions FCFA, Shop Me Away souhaite se développer et faire face à la concurrence qui ne cesse de pousser. Ensuite, Yacine Diop Djibo a pris le relais. Présidente de Speack-Up Africa, elle milite pour un engagement citoyen et l’émergence d’un leadership militant en faveur de la santé, l’éducation ou encore le bien-être des populations africaines.
Puis, c’est l’entreprise Wutiko qui a été présentée au public par son fondateur et Directeur Général, Kémo Touré. Sorte de LinkedIn, Wutiko est un nouveau réseau social mettant en relation des entreprises et des compétences à travers une plateforme simple d’utilisation. Elle entend également se développer et prendre plus de parts de marché.
Enfin, Dramane Touray, entrepreneur gambien basé à Dakar, a présenté sa société, VoLo Africa, qui est spécialisée dans le développement de solutions technologiques visant à faciliter l’accès au crédit et à la couverture médicale aux populations. La mission de VoLo étant d’utiliser la technologie comme levier de développement socioéconomique, elle a formé un Joint Venture avec CreditInfo entreprise de renommée mondiale, pour créer les premiers Bureaux d’Information sur le Crédit dans l’espace UEMOA.
Avec une telle entame, trois minutes pour convaincre, la seconde édition des Dakar Business Hub axée sur le financement ne pouvait mieux commencer…
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