Ils ne paieraient pas leurs impôts ! Ils, ce sont les parlementaires du Sénégal. A l’origine de cette information, Ousmane Sonko leader du parti PASTEF les Patriotes par ailleurs inspecteur des impôts. Est-ce une surprise finalement? Non, parce que l’une des caractéristiques des pays sous-développés est justement, leur incapacité à lever l’impôt correctement. Très peu payent et quand c’est le cas, ce sont de pauvres citoyens qui le font à la place des riches.
Bon, les députés ont vite fini de préciser qu’ils payaient bel et bien leurs impôts et qu’ils n’y sont pour rien si l’institution ne reverse pas les sommes collectées. De son coté, l’administration de l’assemblée nationale,s’est fendue d’un communiqué aussi tardif que banal. Alors qu’il aurait suffit tout simplement, sitôt l’affaire éclatée ,apporter les documents prouvant que le parlement fait son travail.
Le plus scandaleux dans l’affaire, ce n’est pas tant le fait que le législateur ne s’acquitte pas correctement de ses impôts. C’est surtout ce sentiment d’être intouchable qu’affichent les autorités qui l’est.
Le galérien sénégalais n’avait pas besoin d’entendre pareille chose et de se sentir encore une fois berné par les politiques qui lui servent une soupe d’âne nauséabonde !
En effet, les sénégalais consommeraient depuis longtemps de la viande d’âne. La nouvelle est abjecte, mais est-ce également une surprise si la chaîne des valeurs de ce que le consommateur met dans son assiette n’a jamais été maîtrisée ?
L’assiette fiscale et l’assiette culinaire sont à consigner au même registre. Ils témoignent d’une perte de contrôle de l’Etat sur le destin du pays. Oui, l’émergence, n’est pas bien partie et le pays semble perdre pied dangereusement.Attention au naufrage !
Devant cette absence de solution et de vision, la majorité entend encore berner son monde. Il faut bien faire passer la soupe d’âne…
L’appel au dialogue lancé par le Président Sall n’apparaît pas dés lors comme une nécessité absolue mais plutôt comme une diversion. Le pays n’a nullement besoin de forum. Ce dont le Sénégal a besoin est que le Président reçoive périodiquement dans des audiences séparées les leaders de l’opposition afin d’échanger avec eux sur les grandes orientations du pays. Non pas pour partager le pouvoir, mais comme cela se fait dans les démocraties, pour tenir informer, tâter le pouls de l’opinion et prendre des avis. L’avant référendum, l’envoi de nos militaires au Yemen, la menace terroriste, la signature des APE, la coopération avec nos voisins auraient pu et surtout auraient dû être de bons prétextes pour le faire. Comme l’a dit la sociologue Fatou Sow Sarr ce week-end, nous ne sommes pas dans une situation de crise extrême nécessitant des assises.
En attendant et avant de vous laisser avec le penseur camerounais Achille Mbembe, messieurs payez juste vos impôts et ça sera un bon début de dialogue avec votre peuple.
« Si les Africains veulent la démocratie, c’est à eux d’en payer le prix : personne ne le paiera à leur place. Ils ne l’obtiendront pas non plus à crédit. Ils auront néanmoins besoin de s’appuyer sur de nouveaux réseaux de solidarité internationale, une grande coalition morale en dehors des Etats « Achille Mbembe.
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