S’il y’a une expression à la mode dans le cercle des décideurs publics comme privés, c’est bien : « il faut créer des champions. » Tout le monde l’a à la bouche ! Autrement dit, il faut des entreprises fortes à la tête desquelles seraient des hommes ou des femmes visionnaires capables d’impulser, d’innover et de créer de la richesse. Seulement, le proclamer est une chose, le faire en est une autre. Des champions de quoi ? Pour quels secteurs ? Pour quels produits ? Pour vendre à qui ? Des questions simples et évidentes mais qui interpellent tant la réalité sur le terrain semble être à l’opposée de ceci. Ce qui préoccupe les décideurs publics c’est plutôt le Doing Business. A longueur de journées, à longueur de séminaires, on nous vend le… Doing Business. Assainir l’environnement des affaires est important, mais c’est loin d’être suffisant. Il y un préalable qui s’appelle la vision. Et elle n’est pas du tout claire. Quand dans un pays les artisans menuisiers n’ont que 10% de la commande publique en ce qui concerne le mobilier national, quand on laisse pourrir la moitié de la production de mangue, Quand un pays importe des brouettes, des pelles ou encore des clous, quand de formidables start-up peinent à avoir des locaux alors que le nombre de bâtiments publics inoccupés restent conséquent, quand enfin, des porteurs de projets, lauréats de différents concours de jeunes entrepreneurs se retrouvent des années plus tard à être présentés comme jeunes espoirs et invités encore et toujours à speecher pour vendre leur business, où va-t-on créer des champions ?
Dans les années 90, Bernadette Chirac Première Dame de France accompagne naturellement son mari lors de certains ses déplacements à l’étranger. En préparant l’un d’eux, elle demande aux ateliers Dior de lui confectionner un sac qu’elle offrirait à la princesse Diana. Ce fût fait ! Très rapidement, le sac Dior que portait assez souvent la défunte princesse fait le buzz et devient le fameux «Lady Dior» qui se vendra un peu partout à travers le monde. Voilà une façon parmi tant d’autres de créer des champions. Mais pour y arriver, il faut croire en soi et surtout devenir soi. Aujourd’hui, nous en sommes très loin. Vous voyez un Président sénégalais offrir des sandales de Ngaye Mekhé à un Barack Obama ? Non, c’est trop cheap et pourtant c’est ainsi que les belles histoires commencent. Un Obama qui twitte une photo en mode selfie sur une plage de Tahiti chaussures de Ngaye aux pieds, pourrait être un début de quelque chose dont on ne soupçonne même pas l’ampleur. Lorsque Youssou Ndour a montré la voie au Président Sall en brandissant du haut d’une tribune ses chaussures de Ngaye, Il y’avait eu un frémissement. Malheureusement ça a fait pschitt !
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