Du 05 au 07 mai, les Ministres des Affaires Etrangères de l’Union Africaine, se sont réunis à Nairobi, une fois n’est pas coutume, pour parler de développement et de questions liées à l’économie.
Appelés à décider des thématiques et de l’agenda du continent, les diplomates ont tenu, à deux mois du sommet des Chefs d’Etats de Kigali, de préparer le terrain pour leurs patrons.
Comment un continent aussi riche peut-il abriter une population qui vit dans la misère et peine lui-même à se développer ? C’est à cette question qu’a tenté de répondre vendredi le Docteur Carlos Lopes, Secrétaire Exécutif de la Commission Economique pour l’Afrique (Nations unies), dans un discours où il a mis en évidence ce qu’il a appelé Le paradoxe africain. « Ce paradoxe n’est pas un point de vue mais une réalité » a t-il martelé. Même si l’Occident n’est pas blanc comme neige dans cette situation, le diplomate a surtout exhorté les africains à se réveiller.
« Ne subissons pas le système mondial. Ne soyons pas perturbés. Il nous faut agir pour changer les choses. L ’Afrique ne représente que 2% du PIB mondial alors que ses réserves de pétrole s’élèvent à 15%. Pourtant, le continent n’est pas des plus mal logés. Quel est le pays africain le plus endetté que le Porto Rico dont la dette s’élève à 70 Milliards d’euros ? » s’est-il demandé.
En effet, a poursuivi Carlos Lopes, la dette africaine représente à peine 35% de son PIB alors que le Japon doit deux fois plus que la taille de son économie. En d’autres termes : l’Afrique ne va pas mal. Seulement: « Nos produits de base sont entre les mains des traders dont le rôle est négatif en termes de volatilité et de fluctuations ».
Cependant, pensent les diplomates, ce n’est pas en s’opposant au système mondial, que l’Afrique va se développer, il s’agit surtout d’inciter les pays du continent à aller vers plus d’industrialisation afin de transformer les matières premières.
Les débats de Nairobi ont aussi travaillé sur l’étude présentée par le Docteur Abdallah Hamdock, sur l’indice de l’intégration régionale en Afrique. Au sortir de cette présentation, les Ministres, dans leur unanimité, étaient convaincus de la nécessité de changer la démarche et de s’unir davantage.
» Nous n’avons que les drapeaux et les hymnes mais nous ne sommes pas libres car après avoir gagné le combat de la liberté qui nous avait unis, il nous faut gagner celui du développement pour lequel nous devons rester aussi unis » a plaidé Netumbo Nandi, Ministre des Affaires Etrangères de la Namibie.
Deux jours de retraite dans la capitale kenyane, dans un format inédit ou les échanges étaient vifs, ont permis aux diplomates de parler des véritables enjeux du développement, des moyens et des obstacles. Ils ont d’ailleurs suggéré de renouveler l’expérience tout en y associant d’autres experts. La présidente de la Commission, Nkosazana Dlamini Zuma, a annoncé la disponibilité du passeport africain. Celui-ci sera remis aux chefs d’Etat en juillet à Kigali, en même temps que le seront les recommandations de Nairobi.
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