«Les bateaux nous sont préjudiciables parce qu‘ils emportent tout sur leur passage », se désole Aliou Sow, pêcheur à Soumbédioune.
Quand la mer a besoin de progéniture pour maintenir ses ressources, les pêcheurs eux, ont besoin d’une zone sans bateaux parce qu’ils ont peur de perdre leur activité qui leur fait vivre. Selon Aliou Sow, ces «prédateurs» emportent, en un seul jour, l’équivalent de la quantité de poisson qu’ils pêchent en 5mois.
Aujourd’hui, la mer est menacée car les bateaux viennent, de plus en plus, dans ces zones comme Soumbédioune qui ne sont pas contrôlées. Selon les pêcheurs rencontrés sur les lieux, il y a aussi bien des bateaux étrangers que sénégalais qui pêchent sans autorisation.
Par ailleurs, la mer commence à perdre ses ressources car les pêcheurs durent de plus en plus dans la mer pour être satisfaits et parfois, même sans satisfaction.
Selon Badara Guèye, propriétaire de pirogue de pêche et pêcheur depuis 1993, quand il commençait, la mer était très riche et on n’avait même pas besoin de faire des heures pour disposer d’assez de poissons. «On peut aller à la pêche et revenir avec 7 caisses comme on peut se retrouver avec 1 caisse», affirme-t-il.
Cependant, les pêcheurs de Soumbédioune, ainsi que les mareyeurs, trouvent la satisfaction dans leur activité bien qu’elle ne soit pas stable dans une certaine mesure. «Un salaire de 150 000 FCfa ne me ferait jamais abandonner la pêche car elle me donne plus», se glorifie Badara. Selon ce propriétaire de pirogue de pêche, le gain mensuel peut atteindre 270 000 Fcfa.
Pour Aliou Sow, malgré la situation inquiétante dans laquelle ils se trouvent, ils ne se plaignent pas, pour autant plus qu’ils travaillent en collaboration avec les femmes qui revendent du poisson et les mareyeurs. «Pour une pirogue qui va en pêche avec 5 personnes à bord, on peut avoir jusqu’à 7 caisses de poisson et le prix de la caisse varie entre 8 et 25000 Fcfa», informe-t-il.
Ainsi, pour les mareyeurs, les choses allaient beaucoup mieux, mais ils sont plus ou moins satisfaits de ce que leur activité leur fait gagner. Selon Ousmane Diop, mareyeur depuis 1993, les mareyeurs achètent des poissons exportables chez les pêcheurs locaux pour les revendre aux usines de transformation. «On peut acheter la caisse à 100 000 Fcfa chez les pêcheurs parce que c’est une sélection de poisson que l’on fait», nous dit-il. Ce qu’ils gagnent après la vente n’est pas aussi satisfaisant comme ils l’auraient voulu selon Ousmane, mais ils parviennent à veiller aux besoins de leur famille. «Je suis marié et père de famille, c’est avec ce que je gagne ici que je parviens à les entretenir comme il faut, d’ailleurs. C’est avec cette activité que je suis parvenu à avoir une maison et me marier. Sincèrement, on ne se plaint pas», se réjouit-il.
La seule chose qui aurait de l’importance, pour ces acteurs de la pêche, est que l’Etat veille au contrôle des zones non autorisées aux bateaux mais aussi qu’il mette en place des moyens pour qu’ils puissent conserver leurs produits non vendus et de pouvoir élargir leurs activités pour les adapter au souci de l’autosuffisance alimentaire.
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