Quel est votre commentaire de l’activité de CBAO en 2012 ?
2012 a été très importante pour CBAO. Une année durant laquelle il fallait continuer à stabiliser les fondamentaux de la banque, à mettre en œuvre notre plan de développement, à travers notamment un certain nombre de produits et services innovants. 2012 a été aussi marquée par le fait que nous avons tiré le bilan d’un premier plein exercice pour la succursale du Burkina Faso. En début 2013, nous avons obtenu l’agrément pour nous implanter au Niger et un dossier est en cours pour le Bénin. Du point de vue de l’activité de la banque et de son réseau, nous avons confirmé la dimension régionale de CBAO à travers l’ouverture de succursales dans d’autres pays.
Sur le plan national, 2012 a été une année marquée par les élections présidentielles. D’une certaine manière, il y a eu, au début de l’année, une phase attentiste suivie d’une période de mise en place du nouveau dispositif. Aussi, il n’a peut-être pas été permis à l’économie de s’exprimer pleinement comme on l’aurait souhaité.
Malgré tout, CBAO a continué ses efforts allant dans le sens de la maîtrise des charges et de l’assainissement de son portefeuille clients. C’est ce qui a permis à la banque de réduire, d’une manière très sensible, le coût du risque et à améliorer son profit d’exploitation. Ce faisant, la banque a bouclé la phase de restructuration post-fusion et que 2012 a été la première année d’une nouvelle dynamique de développement.
Que peut-on retenir pour le 1er semestre 2013 ?
Le 1er semestre 2013 s’inscrit dans la même dynamique. Nous avons des progressions relativement intéressantes par rapport au 1er semestre 2012. Nous sentons même une accélération des performances, car tout le travail structurel et structurant, qui a été fait sur la qualité, la mobilisation du capital humain, les process et l’organisation de la banque, commence à donner ses fruits.
Que dire des résultats de votre succursale du Burkina ?
Notre succursale du Burkina a démarré en février 2011 et 2012 a été son 1er exercice plein. Elle a démarré, de manière pragmatique et raisonnable, avec une seule agence. Nous nous sommes positionnés sur une clientèle essentiellement Corporate et une collecte de dépôts non rémunérés. Aussi, nous avons pu avoir un modèle d’activités au service de la clientèle avec une qualité de service personnalisé qui a donné d’excellents résultats et une belle image de CBAO au Burkina.
Où en êtes-vous avec vos prochaines succursales au Bénin et au Niger ? Y a-t-il une coordination avec le Groupe ?
Nous avons une politique cohérente et coordonnée, bien inscrite dans la stratégie du groupe Attijariwafa Bank auquel nous appartenons. Toutes ces décisions sont, bien sûr, prises en accord avec le Groupe. CBAO agit, à partir de Dakar, en droite continuité de la stratégie du Groupe.
Parlez-nous de l’actualité du Groupe Attijariwafa Bank ?
Le Groupe Attijariwafa Bank est le 1er groupe bancaire et financier du Maghreb et de l’UEMOA et c’est pratiquement 2 500 agences au niveau du continent. Nous sommes la 1ère banque du Maghreb et la 5ème en Afrique. Une banque qui rayonne à travers l’Afrique, avec 2 filiales ici au Sénégal, une autre en Côte d’Ivoire, au Mali, en Guinée Bissau, au Togo, en Mauritanie, au Cameroun, au Gabon, au Congo et en Tunisie. Nous allons couvrir toute l’Uemoa avec l’ouverture future du Niger et du Bénin. L’objectif est d’avoir une couverture régionale, globale, complète, cibler également l’Afrique centrale et l’Afrique anglophone. Nous sommes un groupe qui a des ambitions africaines et qui se positionne en leader.
Comment analysez-vous cette concurrence qui se déplace du Maroc vers le reste du continent avec l’arrivée d’autres banques marocaines qui prennent de grosses participations dans des groupes bancaires existants ?
D’abord, l’arrivée des autres groupes prouve que nous avons eu raison de le faire. Cela confirme notre orientation. Je vous rappelle que ces groupes arrivent dans des structures déjà existantes alors que nous, en 2006, nous avions commencé par une structure nouvelle, donc par une création de marque. Du point de vue de la compétition, nous nous connaissons bien via la concurrence au Maroc. Ça va être la même chose, de manière plus ouverte… Et il n’y a pas que les banques marocaines, d’autres pays sont bien représentées au Sénégal. Le Sénégal est le siège d’une compétition de banques internationales à travers leurs filiales.
Quelle est votre lecture de l’actualité des relations sénégalo-marocaines avec les visites respectives des deux Chefs d’Etat ?
Une relation ancestrale, historique, je dirai même consanguine, sentimentale et humaine. Cet échange de visites entre les deux Chefs d’Etat vient confirmer, au-delà des institutions, une volonté forte des deux leaders pour donner une plus grande dimension économique aux relations entre les deux pays frères.
D’ailleurs, le Sénégal est le 1er partenaire du Maroc en Afrique. Compte tenu des données, de part et d’autre, le potentiel de croissance du business est énorme et doit être bien exploité. Nous oublions souvent qu’il y a aussi des investisseurs sénégalais établis au Maroc et qui y réussissent très bien. Il faut aussi les encourager car il y a de la place à prendre. Le Maroc constitue une plateforme extraordinaire pour l’export vers des zones comme les USA, l’Europe, le Moyen Orient… Donc, les opérateurs sénégalais ont intérêt à s’installer au Maroc et d’en faire leur plateforme export.
Si nous nous sommes déployés à l’étranger, c’est parce qu’à un moment donné, la part de marché du Groupe était devenue importante eu égard à la structure du système bancaire et à la nécessité de diversifier les risques. Aussi, les entreprises marocaines préfèrent s’externaliser dans beaucoup de domaines, notamment dans l’agriculture, l’industrie, les services… Donc, ces opérateurs gagneraient à exporter leur savoir-faire sur le marché sénégalais. Ils peuvent créer des synergies et, pourquoi pas ?, les opérateurs marocains et sénégalais peuvent attaquer, ensemble, les marchés internationaux en se donnant des bases de développement plus larges.
Concernant le secteur touristique, par exemple, il est bien possible d’avoir une offre commune puisque le Sénégal n’est pas très loin du Maroc, à seulement 3h de vol. On peut concevoir qu’un touriste puisse passer quelques jours au Maroc et puis au Sénégal. Donc, il partirait avec une vision sur les deux pays.
Dans le domaine de l’agriculture, le Plan Maroc Vert a été un chantier excellent et exaltant. Lors de la visite du Président Macky Sall, un accord de partenariat a été signé entre les deux ministères de l’Agriculture, et plus particulièrement dans le domaine de l’Aquaculture aussi.
Dans le domaine financier, un accord a été signé entre la Caisse de Dépôt et de Gestion marocaine et la Caisse de Dépôt et de Consignation du Sénégal pour justement dupliquer le modèle marocain en matière de gestion de fonds souverains.
Aussi, un accord pour la création d’une ligne maritime entre le Maroc et le Sénégal, qui est très attendu par les opérateurs, a été signé.
Par la même occasion, nous avons participé à la signature d’un mémorandum entre le ministère sénégalais de l’Habitat et la société marocaine Alliances, chargée de réaliser l’aménagement d’une zone qui s’étend sur 370 hectares dans la région de Dakar. Ça va être pratiquement une ville nouvelle qui sera réalisée en partenariat avec des opérateurs sénégalais. Alliance se chargera de l’aménagement, de la conception d’ensemble et participera à la réalisation de certains investissements en mettant à la disposition des entreprises sénégalaises un potentiel énorme qu’ils pourront exploiter, par la suite. Dans le cas du logement social, des partenariats vont aussi être mis en place.
En définitive, je pense que ces deux visites, à trois mois d’intervalle, montre combien les deux dirigeants ont envie de se voir. C’est aussi parce qu’ils ont des choses concrètes à faire. La feuille de route va être vraiment concrétisée sur des projets réels qui donneront au partenariat maroco-sénégalais la pérennité au service de l’intérêt mutuel des deux peuples.
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