En fixant au 25 octobre le référendum constitutionnel devant lui ouvrir la voie pour effectuer un énième mandat, Denis Sassou-Nguesso, à la tête du Congo depuis une trentaine d’années, pensait sans doute, faire le dos rond le temps de quelques remous gérables, avant de valider tranquillement son projet.
Les manifestations d’une violence inouïe qui ont éclaté mardi à Brazzaville à 5 jours du fameux rendez-vous électoral l’ont fait déchanter. Malgré la volonté du régime de minimiser et calmer la colère qui grondait, une grande foule a répondu à l’appel de l’opposition avec comme cri de ralliement un « Sassoufit » qui vaut tous les discours. Le Président Sassou-Nguesso devrait tirer toutes les conséquences de cette situation qui a déjà fait au moins 4 morts et une dizaine de blessés. Le fera-t-il ? Rien n’est moins sur d’autant plus qu’il semble avoir le soutien à peine voilé de la France. François Hollande en déclarant mardi lors d’une conférence de presse que « Sassou » , comme il l’a appelé affectueusement, avait le « droit » de consulter son peuple, venait en quelque sorte d’acter le projet maléfique du Président congolais.
Bien évidemment, une telle attitude contraste d’avec le discours de Hollande à Dakar lors du sommet de la francophonie en novembre 2014 où il avait mis en garde les chefs d’État qui s’arc-boutaient au pouvoir en manipulant leurs constitutions.
Que s’est-il passé entre-temps ? La realpolitik a-t-il rattrapé le dirigeant français ? Ne vient-il pas aussi de donner un quitus au Président Kagamé du Rwanda qui toutes proportions gardées, se trouve peu ou prou devant le même dilemme que son homologue du Congo ? Même si la Real Politik c’est souvent des positions à géométrie variable . De plus, on le sait : un pays n’a pas d’amis mais des intérêts. Une maxime gaullienne que les dirigeants africains semblent ignorer mais pas leurs peuples.
Sur le terrain, les leaders de l’opposition ont été brièvement interpellés mais restent déterminés. Paul Marie Mpouélé, le coordinateur de la plateforme d’opposition, FROCAD, a appelé d’ailleurs les manifestants à maintenir la mobilisation. Quelque soit le résultat du scrutin de dimanche, Sassou a déjà perdu une manche.
Du 23 juin sénégalais au 31 octobre burkinabé, les tentatives de manipulations des constitutions des chefs d’États africains, se confrontent à la résistance des citoyens, tous, désormais convaincus qu’ils sont le vrai pouvoir.
Amadou Bator Dieng
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