Le Sénégal souhaite une réforme de la politique des exonérations fiscales appliquée aux projets rentables financés par les bailleurs de fonds a déclaré à Cotonou, Birima Mangara Ministre délégué du budget.
Favoriser les projets rentables en les sortant du champs fiscal, tel est la volonté du gouvernement sénégalais. Le Ministre du Budget Mangara s’exprimait lors du caucus africain qui se déroulait à Cotonou les 4 et 5 août dernier.
Nous invitons la Banque mondiale et la Société financière internationale, à réviser les directives qui permettent à des projets parfois rentables de sortir du champs de la fiscalité » a exhorté Birima Mangara.
Dans son élan, le Ministre sénégalais a aussi préconisé la suppression de certains critères des classements internationaux sur l’attractivité de l’environnement des affaires, qui favorisent la course à la baisse des taux d’imposition sur les entreprises.
« Nous invitons, par ailleurs, que le point concernant le nombre d’impôts dans le classement Doing Business soit retiré, car il est favorable à des politiques de réduction de l’impôt », a t-il soutenu.
Les deux propositions du Sénégal ont été bien accueillies puisqu’elles ont été consignées dans le draft de mémorandum qui sera discuté au sein du groupe africain de la Banque mondiale et du FMI, lors des rencontres annuelles d’automne des deux institutions au mois d’octobre prochain.
Par contre, pour Donald Kaberuka, ancien Président de la BAD a fait savoir que les exonérations fiscales n’étaient pas la solution la plus pertinente.
« L’investisseur qui veut venir dans un pays ne regarde pas la fiscalité comme facteur. Ce qui l’intéresse c’est le niveau d’infrastructure, la politique économique menée dans le pays et la facilité que ce dernier offre à faire des affaires. Nous pensons d’ailleurs, qu’il est important d’autonomiser les administrations fiscales. Dans les pays où cette solution a été mise en application, on a toujours constaté une hausse des recettes fiscales », a souligné dans son commentaire celui qui est aujourd’hui dans la firme de Private Equity TPG du milliardaire africain Mo Ibrahim,
Selon le premier rapport sur les statistiques des recettes publiques, huit pays d’Afrique subsaharienne, du Maghreb et du sud de l’Afrique ont obtenu un ratio des recettes fiscales sur Produit Intérieur Brut inférieur à 38%, la moyenne dans les pays membres de l’OCDE. « De nombreux efforts ont été fait dans les pays africains, notamment au Cameroun ou au Sénégal, où il y a eu une augmentation significative des recettes fiscales, mais beaucoup reste à faire car on est encore en dessous des 20% », a expliqué un des responsable du département de l’analyse fiscale au sein du FMI.
En toile de fond, se pose la question du développement de l’Afrique basé sur la mobilisation des ressources propres. L’aide occidentale est devenue insignifiante et la Chine ne peut à elle seule répondre aux besoins d’infrastructures du continent.
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