« L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) ne cesse de régresser d’année en année, dans le classement des universités africaines ». Ces propos du leader politique et ancien Ministre sénégalais Moussa Touré ont fait l’objet d’un Fact Cheking d’Africa Check.
Déplorant la détérioration de la qualité de l’enseignement à l’UCAD qui a, selon lui, reculé, Moussa Touré a étayé son argumentaire en convoquant entre autres le classement de Shanghai.
« Vous n’avez qu’à chercher les classements africains ou internationaux comme celui de Shanghai. Je ne suis pas un spécialiste du domaine. Il fut un temps où l’UCAD était la première université d’Afrique francophone », a dit monsieur Touré par ailleurs l’ancien président de la Commission de l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA).
Africa Check dans son travail de vérification des faits a rappelé que le classement de Shanghai lancé par l’Université Jiao Tong.
« Dans le classement de Shanghai, les institutions d’enseignement et de recherche sont classées selon six critères comme le nombre de prix Nobel et médailles Fields (Nobel en mathématiques), de chercheurs les plus cités dans leur discipline, de publications dans les revues scientifiques comme Nature et Science » explique Africa Check avant de préciser que chaque année, ce centre publie la liste des 500 meilleures universités du monde. Dans les classements publiés de 2006 à 2015, l’UCAD n’a pas été citée ».
Autre élément apporté par Africa Check, est la mise en évidence du fait que le Sénégal se réfère davantage au classement University Web Ranking (UWR) qu’à celui de Shanghaï. Les journalistes d’Africa Check ont interrogé Alimatou Diop Keïta de la direction de la communication de l’UCAD.
Seulement, vérification faite , il s’avere que l’UWR auquel le rectorat fait allusion et qui publie un classement annuel portant sur 100 universités africaines, a fait de l’UCAD la 15e université d’Afrique en 2013, la 31e en 2014 et la 36e en 2016. Cela fait un recul de 21 places en trois ans. Le classement est basé sur le nombre d’internautes qui recourent aux moteurs de recherche, aux sites web des universités et le rang obtenu du classement des pages web comme Alexa.com.
Il existe au moins cinq classements internationaux des universités. Times high education supplement (THES) ranking, devenu depuis 2009, Times Higher Education World University Ranting en est un. L’UCAD ne figure pas sur la liste des 15 meilleures universités africaines encore moins parmi les 800 meilleures au monde.
De plus, basé en Arabie Saoudite, le Center for World Universités Ranking a réalisé le classement des 1.000 meilleures universités du monde en 2015, à partir des critères suivantes : qualité de l’éducation, position professionnelle des sortants, qualité des facultés, résultats de recherches et publications scientifiques, etc. Selon les travaux de ce centre, l’UCAD ne fait pas partie des 1.000 meilleures universités du monde.
De plus, selon leurs investigations, Africa Check révèle que le classement de Shanghaï est très controversé et privilégie la recherche en sciences exactes, au détriment de l’enseignement, contrairement à d’autres .
Au total, il ressort de la vérification d’Africa Check que l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) a certes reculé à l’University Web Ranking (21 places entre 2013 et 2016). Mais celui-ci est basé sur le nombre d’internautes qui recourent aux moteurs de recherche, aux sites web des universités et le rang obtenu du classement des pages web comme Alexa.com, à l’exclusion de tout critère académique, pédagogique.
Par contre, elle est à la 70e place sur 1.447 universités africaines au classement effectué par Journal Consortium qui évalue la période 2010-2014.
Enfin, sur les autres classements internationaux qui ont défini des critères basés sur la qualité et la recherche, l’UCAD n’y figure pas, comme du reste la majorité des universités africaines. Mais ces classements sont de plus en plus critiqués pour diverses raisons.
Africa Check spécialisé dans la vérification des faits vise à promouvoir la démocratie dans les débats publics et les media en Afrique. Africa Check est un projet de la fondation AFP.
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