Stanislas Zézé est le Président Directeur Général de Bloomfield Investment Corporation, l’une des trois agences de notations financières en Afrique. Présent à la deuxième édition des débats de Dakar Business Hub qui planchait sur la question du Financement des économies africaines, l’expert d’origine ivoirienne est revenu avec reussirbusiness.com sur la croissance africaine et l’opportunité des financements innovants.
Reussirbusiness: En quoi la possibilité qu’offrent les financements innovants est une bonne nouvelle pour les Etats africains ?
Stanislas Zézé: Nos Etats africains empruntaient beaucoup aux institutions financières internationales : Club de Paris, club de Londres ect. Ces emprunts étaient souvent «politiques» car ils ne se préoccupaient pas assez de la capacité des pays à utiliser ses fonds de façon optimale ou leur capacité à rembourser. Les financements innovants, notamment par obligation par la bourse, sont des financements qui donnent plus de latitude aux pays, plus de latitude aux entreprises parce qu’ils ont en face d’eux des investisseurs qui ne sont préoccupés que par deux choses : Que vont-ils gagner en vous finançant ? Quel est votre capacité à rembourser ? Et c’est cela qui est important, car ces deux préoccupations obligent l’Etat ou l’entreprise a montré patte blanche. Elles les obligent aussi à s’inscrire dans une plus grande transparence et une plus grande rigueur. Une fois que ces Etats ou ces entreprises passent cet exercice, ils se rendent compte qu’ils ont atteint une maturité permettant de capter les ressources et investir de manière responsable, générer du cash-flow, rembourser et développer leurs activités.
Reussirbusiness: Avec vos fonctions, vous vous déplacez beaucoup dans le continent, Quels pays africains sont dans cette dynamique que vous préconisez ?
Stanislas Zézé: Déjà, il faut dire que beaucoup de pays africains ont aujourd’hui fait une judicieuse prise de conscience en s’inscrivant dans une stratégie d’émergence. C’est une bonne chose parce qu’elle vous donne des objectifs clairs et précis. Mais là pour répondre à votre question, j’ai particulièrement deux pays en tête: La Côte d’Ivoire et le Rwanda. Le Rwanda d’abord parce qu’ils ont commencé par le bon bout. C’est-à-dire encourager les gens à être travailleurs, à être disciplinés à se fixer des objectifs et se donner les moyens de les atteindre avant de penser créer un environnement attractif. Malgré le fait que ça soit un petit pays, le Rwanda est désormais très attractif en matière de business. La Côte d’Ivoire a quant à elle, de grands moyens, elle a des capacités de résilience extraordinaires et s’est organisée de sorte à pouvoir capitaliser sur son économie qui est solide et sur sa croissance.
Reussirbusiness: Justement, les perspectives de croissance ne sont plus favorables sur le continent. Avant la chute des prix des matières premières, une croissance soutenue a permis aux pays africains de beaucoup emprunter et d’ engager des grands travaux, aujourd’hui avec la baisse des prix de ces matières premières, plane une gros inquiétude sur leurs capacités à rembourser…
Stanislas Zézé: …Au lieu d’être fatalistes, nos gouvernements doivent regarder cette situation comme une opportunité. C’est le moment pour eux de s’engager en faveur de la diversification de leurs économies, surtout pour tous ces pays extrêmement dépendants des matières premières comme le pétrole, qui ont une économie focalisée uniquement sur les ressources naturelles. Il s’agit pour ces pays de trouver les mécanismes pour aller vers une plus grande industrialisation, aller vers la transformation et sortir de cette dépendance liée aux matières premières.
Reussirbusiness: Vous venez de prendre part au débat organisé par Dakar Business Hub dont le thème était « Financement des économies africaines, Défis et opportunités ». Le développement du continent passera par ce genre de rencontre ?
Stanislas Zézé: Tout à fait ! C’est important de débattre et en Afrique on ne le fait pas suffisamment. Dakar Business Hub est une très bonne initiative. Les débuts de solution des grands défis qui attendent le continent passeront par des rencontres de ce genre. Le débat permet d’échanger, de partager. L’échange qu’on a eu aujourd’hui était intéressant parce que le panel était composé d’experts mais parce qu’aussi, le public présent était un public averti.
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