Total Sénégal n’est pas content du sort que connaît la maison d’édition Présence Africaine. Pour lui redonner son lustre d’antan, les acteurs de la Littérature ont été conviés à un échange très fructueux.
Il est loin, le temps où tous les jeunes auteurs africains pensaient d’abord à la maison d’édition Présence africaine pour envoyer leur manuscrits pour lecture et/ou publication. Aujourd’hui, la maison de la Négritude est un bon souvenir pour les passionnés de la littérature engagée plus qu’autre chose.
Le nom de la maison d’édition Présence africaine était lié à l’histoire des peuples opprimés de l’empire coloniale française. Elle représentait le seul moyen de contourner les blocages administratifs mis en place par Paris, pour contrôler les envies de liberté, d’indépendance des colons. Le cahier d’un retour au pays natal, d’Aimé Césaire a été le symbole de ces œuvres de défis envers le maître. Mais après les indépendances et le traitement de faveur que lui avait accordé certains présidents comme Léopold Sédar Senghor au Sénégal, la maison d’édition a du faire face à de nombreuses difficultés. La raréfaction des auteurs et le star système érigé en norme dans le milieu de l’édition ont eu raison de l’œuvre d’Alioune Diop. Aujourd’hui, ce n’est plus cela. «Les auteurs noirs ou originaires des colonies savaient qu’il fallait aller à Présence africaine pour rencontrer des tuteurs ou se faire publier », déclare Sami Tchak. L’écrivain togolais, vainqueur du prix Kourouma souligne que cet impératif n’existe plus de nos jours, car la venue de la concurrence et les moyens qu’ils mettent en place pour les auteurs professionnels ont fait que l’ancienne maison ne peut pas suivre le pas. Il regrette même que les bons auteurs ne songent même pas à Présence africaine pour éditer leur livre, car ne leur permettant pas de combler leur besoin de visibilité. Ce qui fera dire à Boubacar Boris Diop que Présence Africaine est le miroir de la société africaine francophone qui a eu du mal à assimiler les effets de la guerre froide après 1966.
L’auteur Sami Tchak, affirme que le rapport ambigu entre les grands noms de la littérature africaine et cette maison d’édition fait qu’on pense à elle à chaque fois qu’on parle de littérature noire. Car même si les noms de ces hommes sont liés à cette revue, elle ne les a pas pour autant publiées par. «Léopold Sédar Senghor, Camara Laye, Cheikh Hamidou Kane n’ont pas été publiés chez Présence africaine alors que leurs œuvres ont été promues au rang de classique de la littérature africaine grâce à des livres édités par Présence Africaine », a t-il fait remarquer, pour dire qu’il n’est pas surpris de voir la maison d’édition ne pas figurer parmi les plus cotées du monde.
Pour Romuald Fonkoua, rédacteur en chef de la revue Présence africaine, le fait que le nom de son employé revienne à chaque fois est logique. «Le mot Négritude, qui relie tous ses auteurs a été utilisé pour la première fois dans une recueil de poèmes par Césaire, dans ce qui peut être assimilé au best-sellers de la Présence Africaine: Cahier de retour au pays natal », fait-il savoir. Ainsi, il sollicite des Etats africains un acte de préservation de cette maison qui est devenu le symbole de la lutte pour leurs indépendances. «Le simple fait de mettre au programme des élèves et étudiants des textes édités par la maison peut permettre de relancer les commandes », a affirmé Romuald.
Ainsi, le modérateur de ce débat Felwine Sarr invite les gouvernements africains à se soucier du sort de Présence africaine. Mais aussi, il a demandé aux gérant de la revue de songer à revenir en Afrique car Présence africaine n’a pas de public sur le marché Européen et est absente en Afrique.
Il faut souligner que c’est la fondation Total qui a été à l’origine de ce débat autour de la maison d’édition Présence africaine autour du thème.