S’il y’en a qui ont commencé à payer les conséquences de la découverte de viande d’ânes, c’est bien les dibiteries Haoussa.
Depuis que l’affaire de la vente de viande d’ânes a éclaté dans la capitale, une certaine psychose s’est installée chez les consommateurs. « On ne sait plus s’il faut continuer à consommer de la viande. Parce que personnellement, je ne peux dissocier la bonne de la mauvaise« , explique Aminata Sall, ménagère, résidant aux Hlm Hann Mariste.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette crainte, la dame la partage avec bon nombre de consommateurs. Ne sachant pas faire la différence et animés par une certaine peur, beaucoup ont tout simplement décidé de ne pas consommer de la viande n’importe où. Ceci, au grand dam des dibiteries ambulantes, communément appelées Dibiterie Haoussa. « Un jour sur deux, je mangeais de la viande auprès des dibiteries ambulantes, mais depuis qu’il y a eu cette affaire, j’ai reconsidéré ma façon de manger. Ce n’est pas une chose à négliger, il y a des considérations religieuses qui méritent d’être prises au sérieux », explique Ameth Diop, gérant d’une quincaillerie au Croisement de Cambéréne.
Une réticence qui ne manque pas de conséquences pour ce business jadis prospère. Selon notre interlocuteur, ce lieu jadis très prisé par les vendeurs de dibi Haoussa refusait du monde soit aux heures de pause, ou à leur du crépuscule, mais depuis que l’affaire a éclaté, les clients se font désirer. Sous le couvert de l’anonymat, ce vendeur constate les dégâts pour s’en plaindre. « Vous pouvez le constater vous-mêmes, on ne sait plus à quel saint se vouer. Il y a eu une mauvaise publicité, beaucoup pensent que c’est les dibiteries qui vendent cette viande, alors que nous sommes prêts à défier quiconque, nous vendons de la viande halal, mais c’est difficile de le faire croire à beaucoup de nos clients », regrette-t-il. Pire, il révèle que depuis que l’affaire a éclaté, lui qui pouvait se taper jusqu’à 25 000 f de bénéfice peine à se retrouver avec la moitié aujourd’hui. Non loin de ce vendeur, un autre s’apprête à installer sa dibiterie. Il se nomme Babou, très en colère, il estime qu’il n’y a qu’un seul responsable à leur malheur, c’est la presse sénégalaise. « Au Sénégal, on aime les faits croustillants. Depuis qu’ils ont découvert cette viande, la presse ne vit que de ça. Comme si le monde s’effondrait. Ils ne pensent aux effets que ça peut avoir sur notre métier, alors que nous sommes des soutiens de famille. Et je pense que si on vendait de la viande illicite, on n’oserait pas nous installer dans une zone aussi exposée que le croisement Cambéréne. Il faut que les autorités policières mettent la main sur les responsables de ce trafic et qu’on les fasse voir à tous les Sénégalais, sinon nous sommes tous mis dans le même sac », se désole-t-il.
Et comme pour anticiper sur les choses, Babou a depuis une semaine commencé à vendre de la viande de poulet en plus de la viande de bœuf.
Si certains abordent le sujet avec beaucoup d’amertume, d’autres préfèrent tout simplement ne pas en parler. C’est le cas du gérant de la Dibiterie le Bon Coin, située non loin de la station EDK. « Je n’ai rien à dire », nous a-t-il lancé le visage fermé.