Pouvez-vous revenir sur le but de cette rencontre qui doit entériner la création d’un cluster sur le genre et l’énergie ?
Aujourd’hui, nous-nous réunissons pour mettre en place un cluster “Genre-Energie”. C’est une plateforme où toutes les personnes qui sont intéressées par la question du genre et de l’énergie se retrouvent pour essayer de mutualiser leurs actions. Ce qui va permettre de rationaliser les ressources que ce soit matériel ou financières. Si je prends le cas d’ONU Femme qui travaille beaucoup sur ses questions de genres et de jeunes filles, nous travaillons dans le même domaine, et ils ont peut être plus d’experts en genre que nous et moins en Énergie. Et vice versa. Donc, si nous travaillons ensemble, nous pouvons leur apporter notre expertise en énergie et eux leurs expertises en genre. Voilà tout le sens de ce cluster que nous voulons mettre en place pour que nous puissions mutualiser nos efforts afin qu’il n’y ait plus de doublons parce que nous travaillons en fin de compte pour un même pays.
Quel est l’objectif final de la mise en place de ce cluster au Sénégal ?
L’objectif de la mise en place de ce cluster c’est d’avoir un cadre d’échange mais un cadre de travail en synergie de tous les acteurs qui sont concernés par cette question genre énergie. On parle de l’accès à l’énergie notamment l’accès universel à l’énergie. Il ne pourra être atteint que si toutes les composantes de la population s’y mettent et en particulier la composante femme.
Par exemple ?
Dans bien des cas, quand je prends le secteur de l’énergie, il y’a bon nombre d’activités dans lesquelles je ne dirai pas que la femme est exclue. Mais la part belle est souvent faite aux hommes et à la limite la femme n’est que consommatrice. Et pourtant quand vous regardez nos habitudes au Sénégal, la femme est au cœur du système énergétique parce que pour faire de la cuisine il faut de l’énergie et c’est la femme qui se charge d’aller chercher du bois, c’est elle qui va chercher de l’eau. Pour avoir de l’eau il faut de l’énergie même si c’est de l’énergie physique. Donc on ne peut pas exclure la femme de là où sont prises les décisions qui l’intéressent aux risques de mal prendre les décisions.
C’est pour cela que nous disons que la question de l’intégration du genre dans les politiques dans le secteur de l’énergie est extrêmement importante parce que cela va nous permettre d’atteindre nos objectifs qui sont aussi des objectifs mondiaux de l’accès pour tous à l’énergie d’ici 2030.
Avant de vous lancer dans la création de ce cluster avez-vous fait un diagnostic préalable de la situation existante ?
On a fait un travail au niveau national pour voir quelle est la situation aujourd’hui de la femme par rapport au secteur de l’énergie, aussi bien en termes de consommation qu’en termes de décision. En ce qui concerne la consommation, tout le monde l’utilise, même si l’énergie consommée par les femmes pour la cuisine c’est la consommation du bois avec tout ce que cela comporte comme impact négatives sur la santé. Mais au niveau décisionnel en tant qu’ancien agent du Ministère de l’énergie, les femmes n’occupaient pas de postes de décisions. Elles étaient rares à être présentes là où se prenaient les décisions. C’est vraie qu’il y’a une évolution maintenant et on a même eu une femme qui a été Ministre mais cela n’a pas tellement changé les choses. Au niveau du secteur de l’énergie il y’a certaines qui occupent des postes à un certain niveau de responsabilités mais il reste beaucoup de choses à faire.
Et pour l’accès des femmes à l’énergie au Sénégal, quels sont les chiffres ?
Aujourd’hui en termes d’accès à l’énergie pour le monde rurale de manière globale on est autour de 33% de taux de pénétration rurale mais cela concerne tout le monde. Mais si on sait qu’il y’a plus de femmes que d’hommes en zone rurale, il suffit de faire le rapport et de dire qu’elles doivent être à peu près au même taux. Le taux des femmes qui ont accès à l’énergie est faible. Quand on dit énergie, c’est l’électricité tout court. Or l’énergie ce n’est pas uniquement l’électricité, il y a le froid, la chaleur pour cuisiner par exemple ou même l’accès au bois de chauffe ou aux foyers améliorés. Selon une étude qui a été faite et qui date peut être d’une dizaine d’années pour voir l’accès des femmes à l’énergie et aux équipement de cuissons propres pour voir, on doit être vers un taux de 10%. Cela signifie qu’on est très loin par rapport au besoin des femmes en énergie dans les zones rurales.
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