Les yeux, les nez et les oreilles sont sollicités de toutes parts par le marché des Sénégalais de Casablanca. Dénommé ainsi à cause de présence d’une forte communauté sénégalaise, le souk de la Médina de la ville blanche bat au rythme du Wolof, du Wakhalé et des affaires en Dirhams ou en CFA.
Passage obligé pour tous les sénégalais de Maroc, le souk de la Médina de Casablanca est une attraction marocaine. En effet, ce pré carré de quelques hectares regroupe toutes les senteurs de l’Afrique traditionnelle, du nord, du sud, de l’Est et de l’Ouest.Les yeux, les nez et les oreilles sont sollicités de toutes parts par le marché des Sénégalais de Casablanca. Ici, presque tout le monde parle Wolof, ou du moins à des rudiments de la langue de Kocc Barma. « Moussieur ! Kaye ma diayla. Moussieur ! Lo beug ma fiayla », sont les premiers mots que les marchands arabes tiennent à l’endroit de toutes personnes ayant des traits de subsahariens. Que tu sois Sénégalais où pas, ils te servent ça avant de parler Français ou une autre langue. Si vous êtes sénégalais, vous ne pourrez pas échapper à ces dizaines de rabatteurs qui vous inondent de questions pour tenter de vous aider moyennant billets de banque. Oui ! Si ces Sénégalais sont si serviables, c’est qu’ils attendent de vous une rétribution à la hauteur de leurs efforts pour vous permettre de trouver des articles de qualités dans certaines boutiques de la Médina. Djily, Ousmane, Wade, Baye Fall sont certains de ces noms qui reviennent le plus. Très actifs, ils sont d’un abord facile et d’une conversation sans limite. Le Barça, le Réal, les Lions du football, les réalisations de Macky Sall, le prochain Magal de Touba où le ramadan n’ont pas de secrets pour eux. Ils te proposent de t’amener dans les meilleures boutiques du marché selon la lourdeur de ta besace. Le vendeur de maillot de football de la pire qualité au cordonnier de premier plan qui confectionne les chaussons de ministres sur-mesure.

« Il suffit de nous dire combien tu as pour tes emplettes pour qu’on te fasse gagner du temps et de l’énergie », souligne la première cité. Il faut dire que s’il ne fat discuter les goûts et les couleurs des gens, au marché Sénégal, il y en a pour tous les goûts. De la maroquinerie à la vaisselle en passant par les djellabas pour hommes et ou dames. Les yeux du visiteur sont capturés par toutes ces couleurs et ses dessins. Totalement piéton, le marché dispose de moyens de transport locaux ressemblant aux diables des marchés Castor ou Tilène, poussés par les mêmes vieux hommes aux visages ridés. Dans une boutique, la discussion est directement engagée en wolof ou en français parce que vous êtes accompagné de ces guides un peu spéciaux. Si vous ne parvenez pas à tomber d’accord sur un prix, le rabatteur intervient pour tenter de concilier les discussions. Top là ! L’affaire est dans le sac. L’acheteur et le vendeur ont trouvé un accord maintenant direction le restaurant pour manger. L’odeur du cuir cède petit à petit la place à celle du « tiebou djeune ». Oui ! Le plat national du Sénégal est au menu du restaurant chez Amy du marché des Sénégalais. Tous les rabatteurs le savent et ils sont au rendez-vous dans la petite cantine de la bonne-dame. Très timide, elle dit se nommer Astou. « J’essaie de leur donner du courage avec les plats du pays que je concocte pour eux », lâche-t-elle avant de retourner à sa louche. L’odeur du riz retourné embaume l’atmosphère et les anecdotes sur les débuts de ses migrants au Maroc font foison. Les plats se vident très vite et il faut prendre un verre avant de retourner travailler. Pour cela, il faut aller dans une autre boutique chez Baye Fall. « Je suis ici depuis 3 ans et je vends du Café Touba », explique-t-il. Son coin a cette odeur particulière de ces lieux où on vend ce breuvage et ce décor tout aussi particulier. Des écritures pleines de fautes pour décrire la vente de ce produit, des effigies de Chiekh Ibra fall et des chants mourides en fond sonore. Il n’est pas rare de voir quelqu’un esquisser des pas de doukat pour quitter l’assistance avec le sourire. Étudiants vendeurs, rabatteurs et curieux délaissent la place pour retourner travailler. Ainsi va la vie de ce capharnaüm de la Médina de Casablanca qui ne se désempli presque jamais.